Les jeux d’argent et de hasard sont pratiqués de manière importante à La Réunion comme le relève un rapport de juin 2020 de l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies. Le point sur une addiction méconnue mais bien réelle et préoccupante dans notre île.
L’addiction aux jeux est une dépendance dite psychique. Elle ne vient pas d’une dépendance de l’organisme à une substance consommée, comme c’est le cas avec les drogues. Elle est néanmoins bien réelle, et peut être dangereuse. Il peut s’agir d’une dépendance :
- Aux jeux vidéo
- Aux jeux de hasard
- Aux jeux d’argent
Jeux d’argent et de hasard : Une définition large, mais toujours perdante
On peut définir un jeu d’argent et de hasard (JAH) comme toute activité ludique mettant en jeu de l’argent ou un bien, et dont l’issue dépend en partie ou exclusivement du hasard. Il est important de bien différencier les jeux de hasard et d’argent des jeux d’adresse.
En effet, dans les JAH, les compétences ou l’expérience du joueur n’ont que très peu d’influence sur l’issue du jeu. Le résultat dépend principalement du hasard. À l’inverse, dans les jeux d’adresse (par exemple le billard, le baby foot ou les fléchettes), les compétences du joueur influencent clairement l’issue du jeu.
Quelques exemples de jeux de hasard et d’argent :
- Loterie
- Machines à sous
- Lotto
- Billets à gratter
- Roulette
- Paris hippiques et sportifs
- Poker
- Black-jack
Dans ces jeux, le risque de perdre à long terme est toujours beaucoup plus important que les chances de gagner. C’est d’ailleurs une nécessité pour les opérateurs de ces jeux, dont la rentabilité dépend directement de la règle suivante :
Et les entreprises qui proposent ces jeux gagnent beaucoup d’argent. Le chiffre d’affaires des opérateurs de jeux d’argent légaux en France s’élève à 47 milliards d’euros par an. Cet argent, misé par les joueurs, n’est restitué sous forme de gains qu’à environ 80 % en moyenne (source). Et cette redistribution ne concerne que la petite minorité de joueurs qui gagnent…
Néanmoins, la possibilité de remporter une mise importante est susceptible d’alimenter des comportements irrationnels. Certaines personnes développent par exemple la conviction qu’ils sont en mesure de “battre le système” ; d’autres sombrent dans une spirale négative qui les conduit à dépenser – et à perdre – des sommes considérables.
Jeux de tirage, casinos et courses hippiques à la Réunion : Un dada qui coûte cher
Les dépenses liées aux jeux d’argent sont nettement plus élevées dans les outremers qu’en Métropole. Les joueurs réunionnais misent notamment plus gros que la moyenne des joueurs français :
- 962,5 € par joueur à La Réunion chaque année, principalement misés sur les jeux de tirage, contre 770 € pour un joueur moyen en Métropole.
- Cette tendance à jouer gros s’observe en particulier sur les paris hippiques, où la mise hebdomadaire par habitant dépasse de 55 % la mise observée en Métropole.
- Concernant les casinos, là aussi, La Réunion se trouve parmi les départements les plus consommateurs, eu égard au nombre de casinos implantés. On compte 80 demandes d’exclusion de casinos à La Réunion en 2016 et 184 demandes de limitation volontaire d’accès aux casinos en 2016 (en hausse de 38% depuis 2014).
En termes de jeux de grattage, tirage et loterie en revanche, la mise hebdomadaire moyenne à La Réunion est de 4€, la même qu’en Métropole.
La prévalence des JAH est d’autant plus inquiétante à La Réunion que la situation économique et sociale y est nettement défavorable. Dans notre île, près de 40 % des ménages bénéficient du RSA, contre moins de 9 % en Métropole. La pratique importante du jeu s’inscrit donc dans un contexte de précarité et de pauvreté déjà préoccupant.
Addiction aux jeux : Des conséquences sur la santé
Le coût financier n’est pas le seul en jeu : l’addiction a surtout un coût humain. Dans son rapport de juin 2020 sur les Drogues et Addictions dans les Outremers, l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies précise que cette sur-représentation des jeux d’argent et de hasard est un objet d’attention publique important, “s’agissant d’une activité dont les conséquences négatives sont bien connues pour les populations précaires […], en particulier du point de vue sanitaire et social : perte d’emploi, surendettement, pauvreté, divorce, isolement, criminalité, dépression et suicide”.
L’addiction au jeu est reconnue comme une maladie
Longtemps considéré comme un vice, le jeu pathologique est aujourd’hui considéré comme une maladie. Il classé parmi les addictions en raison de points communs avec la dépendance à l’alcool ou aux autres substances. Les conséquence sont donc les même que celle d’une autre addiction : le jeu devient alors une préoccupation constante qui envahit les relations familiales, sociales et professionnelles.
Les conséquences du jeu pathologique peuvent être nombreuses et toucher toutes les sphères de la vie avec :
1 – Des conséquences financières
- Pertes d’argent
- Surendettement
- Détournement de budgets destinés à d’autres fins
2 – Des conséquences sociales et familiales
- Isolement
- Emprunts d’argent
- Conflits avec l’entourage et la famille
- Violences verbales ou physiques
- Séparation et divorce
3 – Des conséquences émotionnelles
- Anxiété
- Honte et perte de confiance en soi
- Dépression
- Idées suicidaires
4 – Des conséquences professionnelles
- Retards et absentéisme
- Irritabilité et difficultés de concentration
- Licenciement
5 – Des conséquences judiciaires
- Activités illégales (vols, détournements d’argent)