La BPCO ou Bronchopneumopathie chronique obstructive est la 3ème cause de décès par maladie dans le monde(1). Elle est pourtant souvent diagnostiquée très tard. Signes, stades, traitements : le Dr Kienlen nous dit tout !

La Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie respiratoire qui recouvre les anciennes appellations d’emphysème et de bronchite chronique. « La BPCO « se définit par une inflammation chronique et permanente des voies aériennes (bronches, bronchioles et alvéoles) avec atteinte irréversible du poumon pour les stades les plus avancés », explique le Dr Kienlen, pneumologue et cheffe du service pneumologie au CHU de Saint-Pierre.

En cas de BPCO, l’air circule plus difficilement dans les voies respiratoires et pénètre moins facilement dans les poumons.

BPCO Emphysème
BPCO Emphysème Respirun

CHIFFRES

  • 6 à 8 % de la population adulte touchée en France(2)
  • 85 % des cas attribuables au tabac(2)
  • 511 hospitalisations/an pour BPCO à La Réunion (3)
  • +20 % de mortalité due à la BPCO à La Réunion par rapport à la moyenne nationale(4)

Quelles sont les causes de la BPCO ?

« Dans 85 % des cas, elle est attribuable au tabagisme, actif ou passif, précise le Dr Kienlen. Dans la plupart des autres cas elle est causée par une exposition prolongée à des poussières ou à des polluants, par exemple sur le lieu de travail ou dans l’atmosphère.

A La Réunion, la BPCO résulte parfois d’une exposition prolongée à la fumée, due à la cuisine au feu de bois ou, anciennement, à la distillation du géranium.

Dans de plus rares cas, des facteurs génétiques peuvent entraîner une BPCO. »

Quels sont les signes d’une Bronchopneumopathie chronique obstructive ?

« On observe de la fatigue et des symptômes respiratoires comme

  • une toux fréquente, sèche ou avec des expectorations (crachats) régulières,
  • un essoufflement lors d’efforts qui ne gênent pas des personnes de même âge ou de même condition physique que soi. L’essoufflement peut devenir permanent par la suite,
  • une respiration sifflante.

La BPCO est une maladie pulmonaire fréquente, qui peut toucher toutes les tranches d’âge dès 40 ans, mais est souvent découverte tardivement, vers 60 ans, quand l’aggravation des signes pousse à consulter », déplore la pneumologue.

Quels sont les 4 stades de la maladie ?

« Les stades de la BPCO sont déterminés en fonction de l’atteinte respiratoire. Ils sont évalués en consultation de pneumologie par un test respiratoire appelé spirométrie, précise la cheffe de service.

  • Le Stade I, léger, se traduit par un VEMS (Volume Expiratoire Maximal par seconde) supérieur à 80 % : cela signifie que la personne dispose encore des 4/5 de sa capacité respiratoire. Concrètement, l’essoufflement apparaît en général lors d’efforts assez importants.
  • Au Stade II, modéré, le VEMS se situe entre 50 et 80 %. A ce stade, on ressent généralement un essoufflement lors d’activités quotidiennes soutenues.
  • Au Stade III, sévère, le VEMS se situe entre 30 et 50 %. On ressent souvent un essoufflement à la moindre activité, comme faire ses courses ou faire le ménage.
  • Au Stade IV, très sévère, le VEMS est inférieur à 30 %, ce qui se traduit habituellement par un essoufflement même au repos.

La sévérité de la BPCO est aussi évaluée sur la fréquence des crises, qui nécessitent parfois des hospitalisations, et sur l’essoufflement ressenti au quotidien.

Il faut savoir que toux et essoufflement n’apparaissent pas forcément en même temps et ne sont pas forcément liés à l’évolution de la maladie. Certaines personnes toussent beaucoup et font des infections respiratoires, d’autres sont plutôt essoufflées et doivent fournir un effort important pour la moindre activité, ce qui altère fortement leur qualité de vie. »

Que faire quand on est atteint de cette maladie chronique ?

« En cas d’apparition des premiers symptômes, il faut d’abord consulter son médecin généraliste, qui nous adressera à un pneumologue.

Ensuite, l’arrêt du tabac est primordial pour éviter l’aggravation des symptômes ! Le suivi avec le pneumologue sera l’occasion d’obtenir une aide au sevrage.”

Le pneumologue pourra également orienter le patient vers un tabacologue ou un professionnel de santé formé à la tabacologie et en capacité de prescrire des substituts nicotiniques (infirmier ou kinésithérapeute).

“Le suivi débouchera ensuite sur un traitement adapté afin d’éviter toute dégradation, et notamment les infections respiratoires. Il faut également prévenir ces dégradations par la vaccination contre les virus respiratoires : grippe, Covid et pneumocoque. » prévient notre pneumologue.

Quels sont ces traitements contre la BPCO ?

« Il s’agit de traitements quotidiens, selon le stade de la maladie. On utilise d’abord des bronchodilatateurs [médicaments qui dilatent les parois des bronches pour faciliter la respiration, NDLR] à longue durée d’action. En cas de crise, il existe également des bronchodilatateurs à courte durée d’action, pour faire passer une aggravation aigüe de l’essoufflement (comme pour les personnes asthmatiques).

Le stade le plus avancé, lorsqu’il y a une baisse du taux d’oxygène, peut nécessiter une oxygénothérapie au long cours.

Il est également possible de réaliser des séances de réhabilitation respiratoire avec des kinésithérapeutes (exercices de posture, renforcement musculaire, et auto-drainage). Cela permet de maintenir son capital musculaire et d’apprendre à vivre avec la maladie, afin de pouvoir poursuivre ses activités quotidiennes. A La Réunion, le réseau Respirun rassemble des kinésithérapeutes spécialisés dans la réhabilitation respiratoire.

Depuis juin 2023, certains patients très limités par leur essoufflement et sélectionnés selon des critères précis, peuvent également bénéficier de la pose de valves endobronchiques pour bloquer les lobes peu fonctionnels afin que le patient respire sur les lobes encore efficients, explique le Dr Kienlen. L’intervention est proposée au CHU de Saint-Pierre. »

Des conseils pour mieux vivre avec une BPCO ?

« Le premier est de bien suivre son traitement afin de réduire l’essoufflement et d’améliorer son quotidien, insiste le Dr Kienlen.

Il est également indispensable d’avoir une bonne hygiène de vie, c’est-à-dire une alimentation équilibrée et une activité physique régulière (selon ses capacités) pour maintenir un capital musculaire suffisant et conserver ainsi sa capacité pulmonaire.

Autre point important : un soutien psychologique est possible et souvent nécessaire pour appréhender cette maladie chronique, et notamment le vécu lié à l’oxygénothérapie, qui peut être difficilement perçue socialement.

Et dans tous les cas, il est fondamental de se tenir informé auprès de son médecin ! »

Peut-on guérir de la BPCO ?

« On ne peut pas faire disparaître complètement l’obstruction des bronches ni revenir sur la destruction du poumon.

Mais les traitements améliorent le quotidien des patients et peuvent stopper l’évolution de la pathologie. La maladie peut être stabilisée si on suit bien son traitement et que l’on évite les facteurs aggravants (tabac, feu de bois, polluant, etc.). Un patient au stade léger peut même voir ses symptômes quotidiens disparaître », rassure la pneumologue.

Sources

(1) La BPCO a été la 3ème cause de décès par maladie dans le monde en 2020 selon l’OMS.

(2) Source : Dr Kienlen

(3) Hospitalisations d’adultes de 45 ans ou plus, taux annuels moyens standardisés pour la période 2005 à 2007, source Insee

(4) Variation par rapport au taux national du taux de mortalité par BPCO Cause initiale de décès, 2011-2012, Source : Inserm CépiDc, exploitation INVS

Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.