Saviez-vous que nous avons tous une petite bombe à retardement logée dans nos artères ? Cet explosif a un nom : l’athérome, et c’est de la matière grasse.

L’athérome est mal connu du grand public et pourtant, il est la première cause de mortalité dans le monde. AVC, crises cardiaques, angines de poitrine, artères bouchées : l’athérome est à l’origine de la plupart des maladies du coeur et de nos vaisseaux sanguins, qui tuent chaque année 1200 Réunionnais. 

Il se forme à partir des résidus de gras (lipides) qui circulent en excès dans notre sang, comme le cholestérol par exemple. En s’accumulant sur la paroi de nos artères, il finit par former des plaques qui abîment la membrane artérielle, et peuvent gêner voire bloquer la circulation du sang.

Résultat : les organes sont moins bien alimentés en oxygène et en nutriments. Lorsque ces plaques se détachent, cela peut conduire à des accidents mortels : crises cardiaques et accidents vasculaires cérébraux.

Nous avons tous des plaques d’athérome dans nos artères. La bonne nouvelle, c’est que cette bombe à retardement peut être désamorcée. Activité physique, alimentation, médicaments ou opérations chirurgicales : voici tout ce qu’il faut savoir pour comprendre ce phénomène, et mieux s’en protéger !

Athérome, ou le gras dans nos artères

Dès le début de notre vie d’adulte, nous sommes presque tous porteurs de plaques d’athérome. Elles sont le résultat de différents facteurs liés à notre mode de vie, à notre état de santé ou à notre patrimoine génétique :

  • Manque d’activité physique
  • Alimentation mal équilibrée
  • Maladies : hypertension, excès de cholestérol, diabète, maladie rénale, etc.
  • Antécédents familiaux

Au cœur de l’athérome

Athérome vient du mot grec athêré, qui veut dire “bouillie”. C’est exactement ça : une bouillie de graisse, principalement constituée de cholestérol, mais aussi de cellules inflammatoires, de cellules sanguines et de calcium.

L’athérome se forme à partir de l’excès de “mauvais cholestérol” et d’autres déchets qui circulent dans notre sang. Progressivement, des dépôts de cette bouillie s’infiltrent dans la paroi des artères. Des plaques se forment entre les muscles de l’artère et sa fine membrane intérieure, appelée endothélium. Imaginez une boule de graisse sous la “peau” de l’artère qui se développe lentement, un peu comme une tumeur. Avec le temps, cet amas devient plus solide : il se calcifie.

Le mot : endothélium

On a longtemps considéré nos artères comme de simples tuyaux dans lesquels le sang circule. Depuis la fin du 20ème siècle, on sait que c’est un peu plus compliqué que ça. La fine couche interne de nos artères est en réalité dotée d’une vie propre. Cette paroi s’appelle l’endothélium. Et elle possède des moyens d’action très élaborés pour assurer la bonne circulation du sang.

En cas de besoin, elle est par exemple capable de sécréter des substances qui rendent le sang plus fluide, ou au contraire plus épais. L’endothélium empêche ainsi la formation de caillots dans nos artères, et prévient donc les accidents vasculaires : AVC, etc. Il est donc très important pour notre santé ! Malheureusement, l’athérome empêche l’endothélium de fonctionner correctement. On est alors moins bien protégés.

Conséquences de l’athérome : la circulation du sang perturbée

A long terme, les plaques d’athérome ont plusieurs effets néfastes et destructeurs sur les artères et sur la circulation du sang. Mais comme le sang et les artères livrent à tous nos organes ce dont ils ont besoin pour se nourrir et respirer, l’athérome peut affecter tout notre corps. Pour aller vite, on pourrait dire qu’il bloque les routes et provoque des accidents.

Parmi les nombreuses conséquences néfastes de l’athérome sur la santé, on peut citer :

L’athérosclérose

Les artères se sclérosent. Elles se durcissent et se rétrécissent.

La sténose

Dans l’artère rétrécie et en partie bouchée, le passage du sang est plus difficile et plus lent.

  • Les organes sont moins bien oxygénés, et peuvent se dégrader lentement. L’athérosclérose est par exemple un facteur de risque pour les démences vasculaires : des pertes de facultés ou de mémoire liées à une mauvaise irrigation du cerveau.
  • Le cœur doit travailler plus pour alimenter l’organisme, et il se fatigue.

La formation de caillots

Le sang ralenti par la sténose dépose plus facilement d’autres déchets au niveau des plaques. Des caillots peuvent se former.

  • Le risque d’infarctus, d’AVC et de phlébite augmente

La phlébite (ou thrombose veineuse)

Lorsqu’un caillot bouche une veine, le retour du sang vers le cœur ne peut plus se faire.

  • Cette maladie est plus ou moins grave en fonction de la veine touchée.
  • Lorsqu’elle atteint une veine profonde, elle peut devenir très dangereuse : le caillot peut se détacher et aller boucher une artère des poumons, provoquant une embolie pulmonaire.

La thrombose artérielle

Lorsqu’un caillot se forme dans une artère, il peut la boucher complètement.

  • Au niveau du cœur, cela peut provoquer un infarctus du myocarde si le sang ne passe plus du tout.
  • Au niveau du cerveau, cela peut provoquer un AVC ischémique.
  • Au niveau des jambes, c’est l’artérite oblitérante des membres inférieurs. Elle se manifeste d’abord par des douleurs et des crampes. Lorsqu’elle n’est pas soignée dans la durée, les pieds ou les orteils peuvent se nécroser en raison du manque d’oxygène et de nutriments (nécrose = mort des cellules).

Rupture de la plaque d’athérome

Lorsqu’elle devient instable, des morceaux de la plaque d’athérome peuvent se détacher. Ils circulent alors dans le sang et peuvent aller boucher des artères plus petites, provoquant une thrombose (lire ci-dessus)

  • La plupart des plaques d’athérome sont stables, mais ces ruptures sont tout de même à l’origine de la plupart des morts dites subites : mort brutale et sans symptômes annonciateurs.

Localisation de l’athérome

Les plaques d’athérome se développent surtout dans les artères de moyen et de gros calibre :

  • Coronaires : les artères qui irriguent le cœur
  • Carotides : les artères du cou, qui irriguent la tête et le cerveau
  • Artères des jambes

Les symptômes de l’athérosclérose : souvent trop tard

Les plaques d’athérome et l’athérosclérose se développent bien souvent sournoisement sur de longues années. Une artère peut être bouchée jusqu’à 50 % ou 70 % sans que des symptômes apparaissent. On ne sent rien et on ne remarque rien, jusqu’aux premières complications sérieuses. C’est la raison pour laquelle on ne la repère souvent que trop tard, après un accident cardiovasculaire.

Voici tout de même les signes qui doivent nous alerter :

  • Douleurs dans la poitrine au repos ou à l’effort (angine de poitrine)
  • Douleurs musculaires dans une ou les deux jambes à l’effort, indiquant que les muscles ne reçoivent pas assez de sang pour bien s’oxygéner.

AIT : signal d’alarme !

Un Accident Ischémique Transitoire est un AVC qui se résout de lui-même, et dont les symptômes disparaissent naturellement en moins d’une heure. La circulation du sang dans le cerveau se rétablit d’elle-même et les symptômes disparaissent. Mais il s’agit d’un important signal d’alarme !

Lorsqu’on ressent ou qu’on repère chez l’un de nos proches les symptômes d’un AVC, il est capital de réagir au plus vite en appelant le 15.

Même si les symptômes disparaissent au bout de quelques minutes, l’AIT indique qu’un risque cardiovasculaire est présent. Il doit donc être traité sérieusement.

Le dépistage de l’athérosclérose

Nous avons tous des plaques d’athérome. Mais toutes ces plaques ne deviennent pas gênantes, ou dangereuses. En fonction de notre état de santé, de notre âge et de nos facteurs de risque au niveau du cœur et des vaisseaux sanguins, certains examens peuvent être recommandés pour repérer une athérosclérose.

  • Examen clinique : Le premier moyen de dépister une éventuelle athérosclérose est toujours de discuter avec son médecin traitant. À partir de nos symptômes et sur la base d’un examen clinique (prise de pouls, auscultation), c’est souvent lui qui nous oriente vers un cardiologue, spécialiste des maladies du cœur et de la circulation.
  • Bilan sanguin : le bilan lipidique permet de dépister un excès de “mauvais” cholestérol (LDL-cholestérol), principal pourvoyeur d’athérome. Comme il n’y a pas de fumée sans feu, il y a rarement d’excès de cholestérol sans athérome !
  • Recommandé pour les hommes à partir de 40 ans, et pour les femmes à partir de 50 ans.
  • Echographie Doppler : grâce à des ondes sonores, le Doppler permet de visualiser le cœur et la circulation dans les artères. On peut alors repérer et mesurer d’éventuels bouchons.
  • Angiographie coronarienne : après avoir injecté dans le sang un produit de constraste, des radios du cœur et de ses artères sont réalisées. On peut alors observer leur forme et repérer d’éventuels rétrécissements, ou des plaques d’athérome.
  • Électro-cardiogramme et test d’effort : on étudie l’activité électrique du cœur pour repérer d’éventuels problèmes cardiaques.

D’où vient l’athérome ?

Pas besoin de chercher très loin : l’excès de cholestérol fournit la matière première principale des plaques d’athérome. Il est donc l’un des facteurs de risque de l’athérosclérose chez les hommes, et chez les femmes après la ménopause.

Mais il n’est pas le seul. D’autres facteurs favorisent ou aggravent la formation de plaques d’athérome et leurs conséquences. Voici les principaux :

Tabac : moins de “bon” cholestérol, plus de risques

Le tabac a plusieurs effets destructeurs sur la santé cardiaque :

  • Fumer provoque une inflammation des vaisseaux sanguins et agit sur l’épaisseur du sang, ce qui favorise l’apparition de caillots responsables d’attaques (infarctus, AVC)
  • Fumer diminue le taux de “bon” cholestérol, ce qui pourrait favoriser l’accumulation d’athérome sur le long terme.
  • Fumer réduit également la quantité d’oxygène dans le sang, et abîme les artères.

Diabète + athérome = mauvais combo

Quand on est diabétique, le risque d’avoir une maladie du cœur et des vaisseaux augmente beaucoup : deux à trois fois plus que dans le reste de la population. Les plaques d’athérome ne font pas exception. Le diabète accélère le vieillissement des artères, et contribue au développement de l’athérosclérose.

On ne comprend pas encore parfaitement toutes les raisons pour lesquelles le diabète aggrave l’athérosclérose. Mais il est probable que le taux élevé de sucre dans le sang des personnes diabétiques soit un élément déterminant.

Raison de plus pour bien contrôler sa glycémie !

Hypertension et athérome : les artères souffrent doublement

L’hypertension artérielle et l’athérosclérose ont une relation vraiment négative : elles s’aggravent respectivement, et créent un cercle vicieux.

  • Les plaques d’athérome durcissent les artères et abîment l’endothélium. Elles empêchent alors les artères de se dilater pour diminuer la tension artérielle. En bouchant les artères, l’athérosclérose contribue même à augmenter la tension artérielle.
  • En retour, l’hypertension fragilise les artères et favorise le dépôt d’athérome.

Comment prévenir et soigner les plaques d’athérome et l’athérosclérose

Adopter des habitudes de vie saines au quotidien, prendre des médicaments ou passer par une opération chirurgicale : plusieurs options s’offrent à nous en fonction de la gravité de la situation.

Prévenir pour mieux…

En matière de santé du coeur et des vaisseaux sanguins, le meilleur remède reste la prévention ! Quelle que soit la maladie dont on souffre en lien avec l’athérosclérose, quels que soient les autres soins que l’on apporte, les mesures d’hygiène de vie sont à la fois indispensables et efficaces :

  • Adopter une alimentation saine et équilibrée : plus de fruits et légumes frais, moins de plats industriels et préparés, moins de sel
  • Limiter les aliments riches en mauvaises graisses : gratons, charcuteries, sarcives, graisses animales, beurres, margarines, crèmes, fromages, aliments industriels

Hygiène de vie : toujours le premier remède

  • Adopter une alimentation saine et équilibrée : plus de fruits et légumes frais, moins de plats industriels et préparés, moins de sel
  • Limiter les aliments riches en mauvaises graisses : gratons, charcuteries, sarcives, graisses animales, beurres, margarines, crèmes, fromages, aliments industriels
  • Pratiquer une activité physique régulière : faire 30 minutes de marche rapide, 5 fois par semaine diminue le taux de “mauvais” cholestérol et la tension artérielle.
  • Lutter contre le surpoids et l’obésité
  • Arrêter de fumer

Les médicaments : en fonction des situations

Dans certains cas, des médicaments peuvent contribuer à prévenir la formation des plaques d’athérome, où empêcher leur aggravation. Ces médicaments n’agissent pas directement sur la plaque elle-même, mais permettent de traiter les facteurs de risques associés. Ils sont prescrits par notre médecin en fonction de notre cas personnel.

  • En cas d’hypertension artérielle : antihypertenseurs
  • En cas d’excès de cholestérol : médicaments dits hypolémiants, par exemple les statines
  • Pour limiter le risque de formation d’un caillot sanguin : anticoagulants et antiplaquettaires

La chirurgie : en dernier recours

Dans les cas les plus graves, en cas de risque vital ou lorsque des douleurs trop importantes nous empêchent de mener une vie normale, des opérations chirurgicales peuvent être envisagées pour :

  • Elargir ou déboucher les artères et permettre au sang de circuler à nouveau : angioplastie et endartériectomie

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  • Fabriquer un nouveau vaisseau sanguin pour permettre au sang de contourner une zone abîmée : pontage coronarien

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  • Enlever un anévrisme qui menace le cerveau : endoprothèse ou pontage

Pour aller plus loin :

Sources

Dépistage de l’athérosclérose – Revue Médicale Suisse

Prévention de l’athérosclérose – Société de Chirurgie Vasculaire et Endovasculaire de Langue Française

Athérosclérose – Inserm

Les méfaits du tabac sur le coeur et les vaisseaux – Fédération Française de Cardiologie

L’athérosclérose diabétique : un mécanisme à part – Fédération Française des Diabétiques

Les complications cardiovasculaires du diabète – Fédération Française des Diabétiques

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Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.