On estime aujourd’hui qu’environ 1 buveur sur 30 devient alcoolique. Quels facteurs favorisent cette addiction ? Quels facteurs peuvent nous en protéger, et nous aider à en sortir ?

Une grande majorité des personnes qui boivent de l’alcool parvient à modérer sa consommation, mais certains buveurs développent une dépendance qui peut avoir des conséquences graves sur leur santé, leur vie familiale ou professionnelle.

On estime aujourd’hui que 3 % des buveurs deviennent dépendants, sans qu’il soit possible de décrire un profil type qui aura tendance à sombrer dans l’alcool. Il s’agit de facteurs multiples, complexes et étroitement liés entre eux qui concourent à amener l’individu vers une consommation addictive, à un moment de sa vie. Ces facteur sont génétiques, environnementaux et n’ont pas la même influence au cours de la vie.

À retenir dans cet article

  • Il n’existe pas de profil type pour prédire qui deviendra dépendant à l’alcool, ou qui parviendra à guérir de son addiction : chaque situation est différente et unique.
  • Certains facteurs favorisent la dépendance. Par exemple, le fait d’être un homme, les personnes impulsives, les personnes souffrant de troubles mentaux ou d’autres addictions ont plus de risque de devenir alcoolo-dépendants.
  • Les personnes qui ont un objectif personnel ont plus de chance d’arrêter l’alcool que celles qui arrêtent sous la pression de leur entourage.
  • Il est possible de sortir de sa dépendance à l’alcool avec ou sans aide médicale. Mais les personnes accompagnées par des professionnels ont plus de chance de réussir.

ALCOOL : LES FACTEURS QUI AUGMENTENT LE RISQUE D’ALCOOLISME

  • Être un homme : les troubles liés à l’usage de l’alcool sont deux fois plus fréquents chez les hommes.
  • Être impulsif : c’est-à-dire avoir des réactions rapides, sans réfléchir avant et sans penser aux conséquences de nos actes. Ce tempérament joue un rôle dans l’incitation à la consommation.
  • Avoir un niveau élevé de tolérance aux effets de l’alcool : on l’a tous constaté, nous ne sommes pas égaux face à un verre d’alcool. Quand certains ressentiront des effets rapidement, d’autres ne ressentent rien. Cette tolérance plus importante aux effets de l’alcool entraîne une augmentation des quantités d’alcool consommées et peut donc conduire à la dépendance.
  • Être atteint de troubles mentaux : de nombreuses études montrent que ces personnes présentent un risque accru de dépendance, quel que soit le trouble mental dont elles souffrent : troubles psychiatriques, troubles de la personnalité, anxiété, troubles de l’humeur, trouble obsessionnel compulsif ou TOC…
  • Avoir d’autres dépendances : cocaïne, hallucinogènes…
  • Avoir des prédispositions génétiques : des études réalisées au sein de familles ont permis de révéler des prédispositions génétiques à une consommation à risque. Attention cependant, une prédisposition génétique ne peut pas à elle seule entraîner l’addiction. D’autres facteurs doivent s’y ajouter pour entraîner l’addiction.
  • Avoir ressenti des effets positifs lors du premier verre d’alcool consommé : cela peut favoriser une consommation régulière, voire addictive ; au contraire, des effets négatifs n’inciteront pas la personne à réitérer l’expérience
  • Avoir commencé à consommer jeune : plus la consommation débute tôt, plus le risque de dépendance augmente. En effet, à l’adolescence, le cerveau n’a pas fini son développement et il est plus vulnérable aux effets de l’alcool. La recherche de nouvelles sensations, une capacité plus faible à éviter le danger, l’envie de braver les interdits sont des facteurs qui poussent les jeunes à essayer. “Commencer à boire de l’alcool au début de l’adolescence multiplie par dix le risque de devenir alcoolo-dépendant à l’âge adulte” souligne le Pr Pier-Vincenzo PIAZZA.
  • Présenter des antécédents familiaux : le risque est plus important de développer une dépendance à l’alcool lorsqu’un membre de sa famille est alcoolique
  • Avoir un environnement qui favorise la prise d’alcool : cela comprend les habitudes de consommation dans le cercle familial ou avec ses amis. Mais certains événements de la vie (stress, deuil, maladie, licenciement…) peuvent rendre plus vulnérable à une addiction.

ALCOOL : CE QUI PROTÈGE DE LA DÉPENDANCE

Certains types de caractère ou certaines situations personnelles permettent d’être mieux protégé contre le risque d’addiction à l’alcool.

  • Avoir des connaissances sur l’alcool et ses méfaits : plus on a de connaissance sur le sujet, plus on sait modérer notre consommation.
  • Se connaître et connaître ses limites : savoir repérer les situations à risque, savoir résister aux influences, savoir dire non.
  • Avoir une vie relationnelle stable : des relations apaisées en famille ou avec son entourage en général protègent de l’addiction à l’alcool.

ALCOOL : CES FACTEURS QUI AIDENT À S’EN SORTIR

Pour celles et ceux qui, à un moment de leur vie, deviennent dépendants à l’alcool, il est possible de s’en sortir. Même s’il n’y a pas de “formule magique”, on sait aujourd’hui que certains facteurs favorisent le sevrage et aident à prévenir la rechute, quel que soit notre profil.

En effet, les études scientifiques sur le sujet distinguent deux groupes de personnes :

  • Les personnes qui ont choisi d’être accompagnées médicalement
  • Les personnes qui se sont lancées sans prise en charge.

Pour chacune de ces situations, des atouts spécifiques ont été repérés.

Les atouts pour sortir de l’alcool avec prise en charge médicale

  • La participation à un programme de soin : hospitalisation, centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie.
  • La participation à des groupes de patients : associations de soutient d’anciens alcooliques etc. Intégrer des groupes comme ceux-ci augmente les chance de parvenir à l’abstinence.
  • Avoir une vie personnelle et professionnelle stable est associé à une évolution favorable après le sevrage.
  • Le maintien d’une vie conjugale est un moteur de l’abstinence chez les hommes.
  • La peur des conséquences de l’alcool sur la santé (atteintes du foie, atteintes neurologiques, cancer…) est un moteur lorsque l’on est une femme.

Les atouts pour sortir de l’alcool sans prise en charge médicale

  • La capacité à mobiliser des ressources psychosociales. Selon la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé, les ressources psychosociales sont “l’aptitude d’une personne à maintenir un état de bien-être mental, en adoptant un comportement approprié et positif à l’occasion des relations entretenues avec les autres, sa propre culture et son environnement.”
  • Une motivation personnelle à vouloir arrêter l’alcool et non pas une motivation fondée sur la pression sociale
  • Une vie personnelle et professionnelle stable
  • La peur des conséquences de l’alcool sur la santé (atteintes du foie, atteintes neurologiques, cancer…) est un moteur lorsque l’on est une femme.

On a de meilleures chances d’arrêter l’alcool lorsqu’on est accompagné !

Il est possible de s’en sortir seul, à la force de la volonté, et en comptant sur son entourage. Mais les études sont unanimes : les personnes qui choisissent de se faire accompagner par des professionnels ont de meilleures chances de réussir que celles qui choisissent de s’en sortir sans aide médicale.

D’AUTRES FACTEURS PEUVENT EXISTER !

Il est important de garder à l’esprit qu’il n’y a pas de formule magique, et que chaque situation est unique. La liste des atout ci-dessus n’est pas exhaustive, et l’impact de chacun de ces facteurs n’est pas facile à mesurer :

  • Il n’existe pas de consensus sur la définition de la prise en charge de la dépendance à l’alcool : l’impact des différentes formes d’aide médicale reste difficile à évaluer avec certitude
  • Il existe peu d’études sur les personnes qui tentent de s’en sortir seules. Les facteurs de réussite ou d’échecs sont donc encore mal connus.

Que l’on soit accompagné ou pas, la sévérité de la dépendance, l’état physique et mental de la personne et les aides extérieures sont des facteurs déterminants pour la guérison.

Sources

Les problèmes d’alcool en France: quelles sont les populations à risque ? — IRDES, 2018

Alcool : facteurs de risque, facteurs de protection —MILD&CA

Facteurs de vulnérabilité à la consommation abusive de cannabis — INSERM

Jeunes et Addictions : Motivations et facteurs de vulnérabilité — OFDT

Facteurs épidémiologiques d’entrée et de sortie de l’alcoolo-dépendance — Hôpital Saint-Anne, Université Paris-Descartes, INSERM

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Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.