Votre bébé ne pesait pas lourd à la naissance ? Ne le suralimentez pas ! Le Dr Julien Doublet, pédiatre à La Réunion, fait le point sur un problème courant qui se résout progressivement au fil des deux premières années de vie du nourrisson.

Faible poids de naissance : “pas de chiffre précis”

À la naissance, la plupart des bébés pèsent entre 3 kg et 4 kg. Mais attention, si votre enfant nait avec un poids inférieur à 2,5 kg, cela ne veut pas forcément dire que son poids est trop faible, prévient le Dr Doublet : “pour qualifier les bébés de petit poids de naissance, je ne peux pas vous donner de chiffre précis. Cela va dépendre du terme de naissance, de l’âge de la maman, et de caractères physiques des parents.”

En effet, le poids normal d’un nouveau-né dépend de nombreux facteurs, et en particulier de son terme : un bébé qui nait trois semaines avant le terme prévu n’est pas considéré prématuré, et pourtant il est normal qu’il soit plus léger qu’un bébé qui aura eu plus de temps pour grandir dans le ventre de sa maman.

En fonction de ces facteurs, les professionnels qui ont suivi votre grossesse ou votre accouchement seront en mesure de vous dire si le poids votre enfant est réellement trop faible. Lorsque les échographies permettent d’anticiper un faible poids de naissance, des examens pourront être réalisés avant la naissance pour écarter le risque d’anomalie ou d’infection, et pour vous rassurer.

Mais le calcul du poids d’un bébé à l’échographie n’est qu’une estimation, et il peut arriver qu’un nouveau né pèse en réalité moins que prévu. Lorsque le poids de naissance est jugé insuffisant par les personnels de la maternité, l’enfant fait l’objet d’une prise en charge spécifique.

Un suivi spécifique à la maternité

“À la maternité, ces enfants vont être hospitalisés dans des unités spécialisées” précise Julien Doublet. En fonction de votre maternité, cette hospitalisation aura lieu soit dans un service de néonatalogie, soit dans une unité spécialisée appelée “kangourou”.

Selon les cas, des examens pourront être réalisés pour écarter le risque d’infection, un facteur qui peut limiter le développement de l’enfant et sa prise de poids. “On va aussi toujours mesurer leur taux de sucre”, explique le Dr Doublet, “parce que les bébés de faible poids ont tendance à faire des hypoglycémies”. Après quelques jours d’observation, dans la plupart des cas, le retour à la maison se fait normalement, avec un suivi du poids adapté.

“Ce qui est sûr, estime le Dr Doublet à propos des bébés de faible poids de naissance, c’est que c’est une source d’inquiétude.” Dans nos représentations, un bébé en bonne santé est en effet un bébé “bien portant”, et donc plutôt rondelet “voire même un peu glouton”. Pourtant, chaque enfant est différent, et le poids d’un bébé et son évolution font l’objet d’un suivi de plus en plus individualisé.

Pas de panique donc ! Si vous avez des doutes ou des questions à propos du poids de votre enfant, n’hésitez pas à en parler à votre médecin ou à votre pédiatre.

Un suivi du poids pendant deux ans

Pour le pédiatre, “le plus important est que l’enfant rattrape sa courbe de croissance au cours des deux premières années de vie.” Dans la plupart des cas, une alimentation normale pour l’âge du nourrisson suffit.

Et surtout, attention à ne pas vouloir brûler les étapes en lui faisant prendre du poids trop vite, met en garde Julien Doublet : “L’erreur principale, c’est que les parents veulent qu’ils rattrapent trop vite ou trop tôt, et ils vont suralimenter leur enfant. Dans ce cas-là, des maladies telles que le diabète, l’obésité ou des maladies cardiovasculaires peuvent apparaître à l’âge adulte.”

Après quatre ans : demander un avis spécialisé

“À l’inverse, précise le Dr Doublet, des enfants qui n’auront pas rattrapé leur poids ou leur taille à l’âge de quatre ans nécessiteront un avis spécialisé.” Votre médecin ou votre pédiatre pourra alors vous orienter vers les bons professionnels. “En général, nous orientons vers un gastro-pédiatre et vers un endocrinologue”.

“Le gastro-pédiatre va vérifier qu’au niveau digestif, l’enfant absorbe bien la nourriture qu’il consomme, et qu’il n’y a pas de malnutrition.” L’endocrinologue, qui est spécialisé dans le fonctionnement hormonal, peut réaliser un bilan pour vérifier que l’enfant a bien les hormones de croissance dont il a besoin. “Dans certains cas, lorsque c’est justifié, il pourra prescrire des hormones de croissance”.

Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.