Puff, vape, IQOS, Ploom, Glo : les alternatives au tabac ou à la cigarette classique se multiplient mais ne sont pas sans danger. Le point avec Frédéric Lucas, Infirmier.

Plus de 150 000 personnes fument quotidiennement à La Réunion, et plus de 500 décès peuvent être attribués au tabac chaque année (1). En parallèle, les produits alternatifs à la cigarette classique se multiplient : depuis plusieurs années, la cigarette électronique, la puff et les produits de tabac chauffé déferlent sur La Réunion comme ailleurs.

Des produits censés « remplacer » la cigarette mais qui inquiètent les professionnels de santé, dont Frédéric Lucas, infirmier titulaire d’un DU en addictologie.

Vape, puff, tabac chauffé : quelles différences ?

Beaucoup de confusions persistent entre vape, puff et produits du tabac chauffés : commençons par faire le point !

Outils de sevrage tabagique ou portes d’entrée vers le tabagisme ?

« On ne considère pas (encore) la cigarette électronique comme un dispositif d’aide ou sevrage tabagique, quelle que soit sa forme, en première intention, affirme Frédéric Lucas. Les données scientifiques que l’on a nous amènent plutôt vers les substituts nicotiniques qui ont une fonction réelle dans le sevrage tabagique, sur lesquels il y a des études et pour lesquels on contrôle et on maîtrise la libération et l’assimilation de la nicotine, chose qui n’est pas du tout évidente pour la cigarette électronique, la puff et encore moins le tabac chauffé. Car tout cela va dépendre de la dose de nicotine, de la qualité de l’appareil, et de la manière dont la personne tire sur ces dispositifs.

Et il y danger à reprendre la cigarette en même temps et ainsi augmenter la dose de nicotine assimilée.

La puff s’inscrit quant à elle dans une démarche inversée par rapport à ce que l’on rencontrait jusqu’à maintenant, poursuit notre infirmier : avant, on fumait des cigarettes, et on utilisait la cigarette électronique pour s’en détacher. Désormais les adolescents commencent souvent à fumer par l’intermédiaire de la puff – alors que la vente est interdite aux mineurs.

Avec des taux qui oscillent le plus souvent entre un peu plus de zéro et 1,7 % de nicotine les jeunes pensent que la puff n’est pas censée créer de dépendance. Mais en consommant régulièrement de la nicotine, on augmente sa tolérance et on finit par augmenter sa consommation de nicotine, créant ainsi une dépendance physique et comportementale qui va ramener des envies de vapoter plus, voire de passer aux cigarettes classiques.

Pour des adultes, elle peut correspondre à une recherche de sevrage pour le côté pratique, mais elle peut attirer les enfants et adolescents qui les entourent car ce dispositif n’engendre pas les mêmes réticences qu’une cigarette : le goût et l’odeur sont agréables, les couleurs vives, etc. Or quand les récepteurs nicotiniques sont « allumés », il est plus difficile de les éteindre, d’autant plus si l’on commence très jeune…

Enfin, concernant le tabac chauffé, le design des produits est sympa, et en France en Europe, la communication valorise le fait qu’il ne s’agisse ni d’une cigarette électronique ni d’une cigarette classique. Elle en fait finalement une alternative « sans danger » et « propre ». Les non-fumeurs peuvent donc se laisser tenter, tout comme les femmes enceintes qui pensent se protéger du tabagisme, alors que les doses de nicotine, les produits toxiques et l’action délétère du tabac sont les mêmes que dans une cigarette classique.

Passer au tabac chauffé revient à changer de produit tabagique : le tabac chauffé n’est pas utilisé dans une optique de sevrage tabagique ou de réduction des risques car il est extrêmement nocif. Il s’agit simplement d’un report sur une autre pratique. »

Tabac et produits connexes : comment s’en sortir ?

Pour commencer, essayons d’éviter que nos ados tombent dans ces produits !

Pour Frédéric Lucas, « le premier levier est l’information aux parents, qui méconnaissent souvent ces produits, puis l’éducation des enfants, par les parents mais aussi par les associations de préventions en milieu scolaire qui existent à La Réunion : les Centre de soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) du réseau Kaz Oté et Addiction France. SAOME (Santé Addictions Outre-Mer) est également un centre de ressources et d’appui à La Réunion. »

Comment s’en sortir s’il est déjà trop tard ? Frédéric Lucas insiste sur « l’importance de l’accompagnement », par :

  • les professionnels de santé : médecins traitants, pharmaciens, tabacologues, addictologues avec qui il est impératif d’avoir une relation de confiance,
  • les structures de prévention citées ci-dessus,
  • les CJC : Consultation Jeune Consommateurs, proposées par les CSAPA, pour une approche globale avec des psychologues, des travailleurs sociaux, etc.
  • le dispositif Lib’ sans tabac,
  • les substituts nicotiniques, qui peuvent être prescrits par des médecins, des sage-femmes, des chirurgiens-dentistes, des kinésithérapeutes, des infirmiers, et sont remboursés à 100 %,
  • Tabac-info-service
  • divers accompagnements à La Réunion

La puff tu en sais quoi ? Flyer à imprimer

EN SAVOIR PLUS :

Sources

7ème édition de Mois sans tabac à La Réunion : Vous n’étiez pas seul quand vous avez commencé. Vous ne serez pas seul pour arrêter | ARS La Réunion

Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.