Chaque année à La Réunion, environ 50 enfants révèlent un diabète de type 1. Encore trop rare, un diagnostic précoce permet d’éviter les complications les plus importantes de la maladie. Apprenons à reconnaître les signes au plus vite !
Le diabète de type 1 touche environ 13 jeunes (moins de 15 ans) sur 10 000 en France*. À La Réunion, on dénombre environ 320 enfants atteints par la maladie en 2022**, et entre 40 et 60 nouveaux cas par an. Si cette maladie est de mieux en mieux prise en charge, un retard de diagnostic peut entraîner de nombreuses complications. Pour les éviter au maximum, soyons vigilants !
Le Dr Patricia Pigeon-Kherchiche, praticien hospitalier en endocrinologie et diabétologie pédiatrique au CHU de La Réunion site Nord (Félix Guyon) et membre de la Société d’endocrinologie diabète métabolismes de La Réunion (SEDMER), nous apprend à reconnaître les symptômes de la maladie et nous explique pourquoi il est capital de la diagnostiquer au plus tôt.
Qu’est-ce que le diabète de type 1 et à quoi est-il dû ?
Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune : le système immunitaire, censé protéger le corps, attaque par erreur les cellules du pancréas qui produisent l’insuline. Cette hormone est pourtant essentielle pour réguler le taux de sucre dans le sang. Sans elle, le glucose s’accumule dans le sang au lieu d’être utilisé par les cellules comme source d’énergie. On parle alors d’hyperglycémie.
Le diabète de type 1 n’est pas causé par une mauvaise alimentation mais résulte de prédispositions génétiques croisées avec des facteurs environnementaux. C’est pourquoi il s’exprime le plus souvent dès l’enfance ou l’adolescence, plus rarement chez les jeunes adultes. Et c’est aussi pourquoi on ne peut pas empêcher son apparition.
On le distingue du diabète de type 2, qui, lui, est dû à une mauvaise utilisation de l’insuline par l’organisme, est souvent lié au surpoids et à la sédentarité, et se déclare donc le plus souvent à l’âge adulte.
À partir de quel âge un enfant peut-il être concerné ?
« Très tôt, affirme le Dr Pigeon-Kherchiche : on peut avoir un diabète néonatal, qui est le plus souvent d’origine génétique.
Le diabète de type 1 peut être diagnostiqué chez des enfants dès 9 mois ou 1 an.
On constate par ailleurs que l’incidence [le nombre de nouveaux cas qui apparaissent sur une année, NDLR] de la maladie augmente de 4 % par an et que celle-ci touche des enfants de plus en plus jeunes. En effet, 22 % des enfants déclarant un diabète ont moins de 5 ans. »
Quels sont les signes d’alerte du diabète de type 1, les symptômes à connaître absolument ?
« La plus grande alerte, c’est quand son enfant a très souvent envie d’uriner ou se remet à faire pipi au lit la nuit entre 4 et 10 ans (énurésie). Cela doit vraiment alerter, de même qu’un adolescent qui se lève plusieurs fois par nuit pour aller aux toilettes (polyurie).
Et la conséquence du fait que l’enfant urine beaucoup est qu’il boit beaucoup. Ce signe est appelé polydipsie.
On note également un amaigrissement qui peut être majeur : jusqu’à 10 à 15 kg chez certains enfants, bien qu’ils mangent plus que d’habitude (polyphagie).
Autre signe : une grande fatigue, sans explication.
Ce sont les 4 premiers symptômes, que l’on appelle syndrome cardinal, précise l’endocrinologue pédiatre. »
D’autres signes sont plus spécifiques de la carence en insuline et du phénomène d’« acidocétose » (une complication grave du diabète qui rend le sang trop acide), comme les vomissements, la nausée, des douleurs abdominales, qui peuvent facilement être confondus avec les symptômes d’une gastro-entérite. « Ces signes nécessitent une prise en charge en urgence, surtout s’ils s’accompagnent de troubles respiratoires comme une respiration rapide et ample », alerte le Dr Pigeon-Kherchiche.
Est-ce que le diabète de type 1 peut survenir du jour au lendemain ?
« L’arrivée brutale des symptômes laisse penser que cette maladie arrive du jour au lendemain, mais elle a une histoire naturelle, qui commence bien avant son apparition.
Lorsque deux anticorps spécifiques sont présents, on sait que l’évolution vers le diabète est certaine, avec tout d’abord une dysrégulation [déséquilibre dans le processus de régulation] de la glycémie, puis une hyperglycémie chronique pouvant aboutir – si le diagnostic n’est pas fait – à une acidocétose plus ou moins sévère.
Mais les premiers symptômes n’étant pas forcément reconnus comme des signes de diabète, les enfants arrivent tardivement à l’hôpital, dans cet état d’acidocétose caractérisé par une grande fatigue, un amaigrissement et une forte déshydratation. »
Pourquoi est-il important de diagnostiquer rapidement le diabète ?
« On sait maintenant que les enfants qui arrivent en acidocétose sévère sont plus exposés aux complications du diabète à venir : il y aura comme une marque gardée par le corps au moment de la décompensation, explique notre médecin. »
Et plus l’acidocétose est sévère, plus le diabète pourra avoir des complications liées à ces premiers instants. Il faut donc à tout prix éviter que les enfants arrivent en acidocétose !
« En 2024-2025, et malgré toutes les campagnes de prévention, près d’1 enfant sur 2 arrive en acidocétose. Si on constate que son enfant n’est pas dans son état normal, il est donc capital d’aller consulter immédiatement, voire d’insister auprès de son médecin pour tester la glycémie. »
Comment se déroule le diagnostic ?
Il s’agit d’une simple mesure de la glycémie dans le sang :
- par dextro, un petit test rapide et sans douleur réalisé chez le médecin généraliste, qui pique le bout du doigt pour prélever une goutte de sang et mesurer le taux de glucose (un taux supérieur à 2 g/l indiquant un diabète),
- ou par un bilan sanguin qui mesure la glycémie à jeûn (qui sera supérieure à 1,26 g/l dans le cas d’un diabète),
Le diagnostic est très simple à réaliser, il ne faut pas s’en priver !
Quels risques si on ne le fait pas ?
« Poser rapidement un diagnostic de diabète évite que l’enfant entre en acidocétose sévère, qui peut exposer à :
- un risque vital immédiat (risque de coma diabétique voire de décès),
- un risque accru de complications ultérieures: néphropathie diabétique, rétinopathie diabétique, infarctus, AVC, etc. »
Et après ?
La prise en charge du diabète de type 1 repose sur 3 piliers.
Des injections régulières d’insuline, « pour pallier la carence, avec un traitement qui peut évoluer dans son mode de délivrance, explique le Dr Pigeon-Kherchiche :
- d’abord en intraveineuse, quand l’enfant est en acidocétose,
- puis en injection par voie sous-cutanée, avec 2 types d’insuline : l’insuline « pour vivre », c’est-à-dire une insuline lente, qui agit durant 24 à 30 h, avec 1 injection par jour, et l’insuline « pour manger », c’est-à-dire une insuline rapide, qui nécessite 1 injection à chaque repas ou collation. »
Aujourd’hui, il existe des pompes à insuline reliées à des capteurs placés ~~~~sur la peau, capables de délivrer la bonne dose d’insuline ~~~~rapide en continu. Seule l’administration de l’insuline au moment des repas nécessite encore une intervention humaine (indiquer la quantité de glucose ingérée à la pompe).
Les autres piliers indispensables de la prise en charge du diabète de type 1 :
- une alimentation équilibrée, qui limite au maximum les produits ultra transformés, et respecte les portions de féculents adaptées à chaque âge et à l’activité physique,
- une activité physique régulière: 1 h/jour d’activité physique modérée à intense pour les enfants et les adolescents.
Vers qui se tourner à La Réunion si notre enfant est diagnostiqué diabétique de type 1 ?
Les services spécialisés dans la prise en charge du diabète de l’enfant :
- CHU Nord (Saint-Denis), unité d’endocrinologie-diabétologie pédiatrique : 0262 90 57 21
- Hôpital d’enfants (Saint-Denis): 0262 90 87 00
- CHU Sud (Saint-Pierre), unité d’endocrinologie-diabétologie pédiatrique : 02 62 35 93 86
- Centre Hospitalier Ouest Réunion – CHOR (Saint-Paul), service pédiatrie : 02 62 74 20 40
Les associations :
L’Association des Diabétiques Junior de La Réunion (ADJ974)
26 Bd Doret, Saint-Denis 97400, La Réunion
0692 222 532
L’Association des Diabétiques Junior de La Réunion (ADJ974), présente à St-Denis et St-Louis, soutient les familles réunionnaises touchées par le diabète de type 1. L’ADJ974 a aussi créé la Cellule Nou’Léla, un dispositif d’accompagnement psychosocial à domicile.
L’association Aide aux Jeunes Diabétiques
38 rue Eugène Oudiné 75013 Paris
01 44 16 89 89
L’association Aide aux Jeunes Diabétiques, association nationale reconnue d’utilité publique qui vient en aide aux jeunes patients diabétiques et à leur famille en proposant accompagnement, soutien psychologique et médiation, mais aussi de nombreuses ressources documentaires et la possibilité d’échanger par téléphone ou en visio avec des patients ou proches aidants partenaires.
Pour en savoir plus :
- Consultez notre dossier Diabète
- Et gardez en tête ce mémo : affiche ADJ 974
Sources
*Source : Santé Publique France sur la période 2013-2015
**Source : Observatoire Régional de la Santé (ORS)
Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.