On a joué à vrai ou faux avec Aurélie Léger, sage femme et tabacologue à La Réunion. À votre tour !
1. Une séance de chicha de temps en temps, c’est convivial et ça peut pas faire de mal !
Faux ! Il faut savoir que la chicha, c’est une pipe à eau qui permet de fumer du tabamel, (tabac + mélasse + essences chimiques de fruits) chauffé avec du charbon de bois. Parce qu’il y a de l’eau et que la fumée est plus douce, grâce aux arômes sucrés, on pense que la chicha est inoffensive. Les gens ont l’impression de prendre un peu de vapeur d’eau avec des arômes et que c’est assez bénin, mais pas du tout !
C’est vrai que l’eau va filtrer quelques particules, mais le monoxyde de carbone, le goudron, les particules fines etc. ne sont pas filtrés. L’eau va surtout refroidir la fumée, ce qui incite à inhaler plus profondément. Enfin, il y a de la nicotine dans le tabamel. Ce n’est pas dangereux la nicotine, mais ça rend accro. Fumer la chicha, c’est fumer tout court. On est sur les mêmes risques.
2. La cigarette électronique est un bon moyen de sevrage tabagique
Vrai ! Déjà, la vape n’est pas une cigarette ! Avec la vape on ne retrouve pas le produit de la combustion, c’est-à-dire la fumée. Ce qui est toxique dans la cigarette, c’est le monoxyde de carbone = la fumée. C’est elle qui est responsable des maladies cardio-vasculaires. Ce qui est également toxique dans la cigarette, ce sont toutes les substances toxiques : il y en a plus de 4000 dont 200 sont répertoriées comme cancérigènes.
Dans la vape il y a 5 choses :
- du propylène glycol, également utilisé comme additif alimentaire ou dans certains médicaments,
- de la glycérine végétale,également utilisé dans l’alimentation, les cosmétiques ou dans les antibiotiques, elle permet à la vapoteuse de produire plus de vapeur.
- de l’eau,
- des arômes,
- de la nicotine.
Par contre il y a zéro monoxyde de carbone : c’est de la vapeur d’eau qui arrive dans le corps du vapoteur. Donc tous les risques cardio-vasculaires liés à la fumée n’existent plus avec la vape.
C’est vrai que l’on peut retrouver des traces de produit cancérigène, mais uniquement lorsque la vape est mal entretenue : quand la résistance doit être changée ou que l’on vape à sec (sans produit).
3. Pendant la grossesse, il vaut mieux fumer un peu que d’être très stressée par l’arrêt de la cigarette
Faux ! La femme enceinte qui arrête de fumer va être stressée parce qu’elle est en manque. Dans ces cas-là, on peut la soutenir pour gérer ce stress. Mais on sait qu’une cigarette par jour a un effet sur la grossesse et le fœtus. Et il faut savoir que le taux de monoxyde de carbone de la maman, c’est-à-dire le taux de fumée inhalé, est multiplié par deux fois et demi chez le fœtus. Parce qu’il ne parvient pas à l’éliminer aussi rapidement que la maman.
“Donc quand maman fume une cigarette, bébé en fume 2,5. Conclusion : il vaut mieux arrêter de fumer pendant la grossesse et se faire aider pour cela.”
4. Substituts nicotiniques et grossesse ne font pas bon ménage
Faux ! On peut les utiliser sans problème, ils vont au contraire aider au sevrage. Ils contiennent bien de la nicotine, comme la cigarette, mais ce n’est pas la nicotine qui pose le plus de problème : elle rend dépendant mais elle n’entraîne pas de risque cardio-vasculaire ou de cancer . Concernant la vape, le principe de précaution s’applique. La vape contenant du propylène glycol, un dérivé de l’alcool, on l’interdit à la femme enceinte.
Même si les études ont prouvé que le propylène glycol n’entraînait pas de toxicité : il n’entraîne pas de taux d’alcoolémie dans le sang. Par ailleurs, il faut savoir que le propylène glycol est présent dans de nombreux cosmétiques utilisés pendant la grossesse. Quoi qu’il en soit, en première intention chez la femme enceinte, on va aller sur les substituts nicotiniques. Mais en seconde intention, c’est-à-dire chez les femmes enceintes qui ne parviennent pas à arrêter, on pourra recommander la vape qui sera toujours moins nocive que la cigarette.
5. Réduire sa consommation, ça réduit les risques
Vrai et Faux ! Bien sûr, fumer 3 cigarettes reste toujours mieux que 10 ! En ce sens c’est vrai. Pour autant, même lorsque l’on réduit sa consommation, les risques sont toujours bien présents. Plusieurs raisons à cela :
- Le fumeur qui réduit sa consommation inhale plus fort. Il reste donc toujours exposé à la fumée de cigarette et ne réduit pas les risques pour ses artères et son cœur. En effet, le cerveau du fumeur a l’habitude d’une certaine dose de nicotine par jour. Donc quand le fumeur réduit sa consommation, sans s’en rendre compte, il va tirer beaucoup plus sur sa cigarette pour obtenir la dose habituelle. Il inhale alors tellement fort, que c’est comme si il continuait à en fumer 20 alors qu’il est passé à 10. C’est ce que l’on voit au départ de la réduction. Donc il faut faire attention à ce phénomène le temps que le cerveau s’habitue à recevoir moins de nicotine.
- C’est la durée qui compte, pas le nombre. Une personne qui a fumé un paquet de cigarettes par jour pendant un an a moins de risque de développer un cancer qu’une personne qui aura fumé 5 cigarettes par jour pendant 20 ans. Plus on est exposé longtemps aux substances cancérigènes, plus il y aura un risque que ces substances atteignent des cellules saines et provoquent un cancer. Fumer moins ne fait donc pas baisser le risque de cancer.
Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.