La visibilité des personnes transgenres* ou qui s’interrogent sur leur identité de genre* progresse. A La Réunion, plusieurs structures peuvent les accompagner – ainsi que leur entourage – dans leurs questionnements ou leur parcours.
Les termes et expressions accompagné.s d’un astérisque sont défini.es dans le glossaire en fin d’article.
Pour la grande majorité des personnes, le sexe biologique (féminin/masculin/intersexe) concorde avec l’identité de genre* (identité ressentie, entre le féminin et le masculin) et le rôle de genre* (ensemble des attentes sociales envers les individus, en fonction de leur genre). Elles sont dites cisgenres*.
Mais certaines personnes ressentent une dysphorie de genre*, c’est-à-dire un mal être résultant d’un décalage entre leur sexe anatomique et leur identité de genre* : ce sont les personnes transgenres*. On parle alors de transidentité*, qui n’est en rien l’expression d’une pathologie ou d’un trouble de la santé mentale, mais une simple manifestation de la diversité humaine.
Bien que la transidentité* ne soit plus classée dans les troubles mentaux (1), les personnes transgenres* restent très exposées au risque de transphobie*. Pour les accompagner et les aider, elles et leurs proches, dans leurs questionnements, leur transition*, l’affirmation de leurs droits, etc. il existe de nombreuses structures à La Réunion.
Transition* sociale, médicale, chirurgicale… de quoi s’agit-il ?
Effectuer une transition* correspond à changer son genre*, afin de modifier la perception des autres personnes sur soi ou d’entrer en adéquation avec le genre* auquel on se sent appartenir.
La transition* peut prendre différentes formes, qui ne doivent relever que du choix de la personne concernée. Il n’y a ni ordre à respecter, ni obligation. Certaines personnes transgenres n’entamant même aucune des ces transitions.
La transition* sociale
La transition* sociale consiste à exprimer son genre* de destination, par exemple par :
- l’usage d’un nouveau prénom,
- l’usage d’un autre pronom (il/elle ; le/la),
- le port de tenues vestimentaires ou d’accessoires habituellement associés au genre souhaité,
- la gestion de sa pilosité,
- le fait de sortir en tant que personnes transgenre*, en affichant son genre de destination…
La transition* administrative ou légale
La transition* administrative, ou transition* légale, consiste à faire modifier son état civil afin de faire concorder son prénom d’usage et le prénom reconnu par l’État, et/ou son genre* et le sexe indiqué sur ses papiers.
Cette transition* permet ensuite de faire modifier les mentions de prénom et de sexe sur l’ensemble de ses documents d’identité, courriers, factures, auprès des administrations, etc. (plus de détails ci-dessous).
La transition* médicale et la transition chirurgicale
Les transitions* médicale et chirurgicale correspondent à des modifications physiques. La transition médicale consiste en une prise d’hormones féminisantes ou masculinisantes, prescrites pas un.e endocrinologue. Les transitions chirurgicales peuvent s’appuyer sur de multiples interventions, réalisées par des chirurgien.nes.
Pour un homme transgenre* (personne assignée femme à la naissance mais dont l’identité de genre* est masculine), ou FtoM (Female to Male : personne qui transitionne du genre féminin au genre masculin), la transition physique peut inclure :
- une hormonothérapie : la prise d’hormone masculine (la testostérone) fait apparaître des caractéristiques masculines (voix plus grave, développement des poils et des muscles, nouvelle répartition des graisses, arrêt des règles, etc.),
- une mastectomie ou reconstruction thoracique masculine : c’est l’ablation des seins et du tissu mammaire,
- une hystérectomie : l’ablation de l’utérus, et parfois des ovaires et des trompes,
- une vaginectomie : le retrait et la fermeture du vagin,
- une phalloplastie : la création d’un pénis,
- une scrotoplastie : la création d’un néo-scrotum avec des implants testiculaires,
- une métoidioplastie : intervention visant à faire grossir et fonctionner le clitoris comme un pénis.
Pour une femme transgenre* (personne assignée homme à la naissance mais dont l’identité de genre* est féminine), ou MtoF (Male to Female : personne qui transitionne du genre masculin au genre féminin ), la transition physique peut inclure :
- une hormonothérapie : la prise d’anti-androgènes permet de réduire les hormones masculines et la prise d’hormones féminines fait apparaître des caractéristiques féminines (diminution de la pilosité, développement de la poitrine, nouvelle répartition des graisses, etc.)
- une épilation au laser : pour éliminer les poils du visage ou d’autres parties du corps,
- un rasage trachéal : pour réduire la pomme d’Adam,
- une orchidectomie : ablation des testicules,
- une chirurgie de féminisation du visage,
- une augmentation mammaire par ajout d’implants,
- une vaginoplastie : création d’un vagin.
Quel parcours de transition* pour changer de genre* à La Réunion ?
Chaque « parcours » de transition* reste très libre et très personnel, et aucun aspect (transition* sociale, médicale, chirurgicale ou administrative) n’est ni obligatoire ni systématique.
« Il n’y a, sur le papier, aucun parcours avec un ordre ou une temporalité définis, précise Xylric Lepinay, président de l’association réunionnaise LGBTQIA+ OriZon. La seule étape d’un parcours sur laquelle il existe un délai légal fixé est la chirurgie de réassignation sexuelle (celle où l’on construit un vagin et une vulve ou bien un pénis et des testicules : celle-ci ne devient accessible qu’après un suivi psychiatrique d’une durée de deux ans [notons qu’aucun.e chirurgien.ne ne pratique ces interventions à La Réunion, NDLR].
Cependant, dans la réalité du terrain, tous les endocrinologues dont nous avons eu un retour de pratique, ainsi qu’une bonne partie des chirurgien.nes locaux.ales demandent l’attestation d’un.e psychiatre (et non d’un.e psychologue) pour se couvrir ou par manque de connaissance. Il faut noter que les attestations n’ont en AUCUN CAS à affirmer la réalité ou non d’une transidentité*. Celle-ci n’étant pas une maladie, elle ne peut pas être diagnostiquée. Ce qui doit figurer sur le papier est la dysphorie de genre* du.de la patient.e, autrement dit la souffrance découlant du décalage entre l’apparence physique, l’identité sociale/administrative et l’identité réelle vécue par la personne trans*.
Les patient.es se présentant pour des chirurgies du torse sans volonté de prendre des hormones peuvent aussi être regardé.es avec suspicion, ce qui ne se justifie aucunement, que ce soit médicalement ou pour d’autres raisons. »
Transition* médicale ou chirurgicale : faire une demande d’ALD
Avant d’effectuer une transition* médicale ou chirurgicale, il est recommandé de faire une demande d’ALD (« Affection Longue Durée », vestige du temps où la transidentité* était identifiée à une maladie psychiatrique), qui pourra ouvrir une prise en charge à 100 % par la Sécurité Sociale de certains soins médicaux liés à la transition*.
Le médecin traitant doit faire une demande d’ALD 31 (« hors liste ») et la transmettre à la CPAM. Afin de pouvoir prétendre à un maximum de remboursements, il est important de prévoir « large » en listant les actes relatifs à la transition* (hormonothérapie à vie, chirurgies, consultations régulières d’endocrinologues, psychiatres, dermatologues, orthophonistes, etc.), même si tous ne seront pas réalisés.
Il est à noter qu’aucune chirurgie de réassignation génitale (phalloplastie – technique chirurgicale visant à construire un pénis – ou vaginoplastie – technique chirurgicale visant à construire un vagin) ne peut être réalisée à La Réunion.
La mastectomie (ablation des seins) peut en revanche être pratiquée sur l’ile et est remboursée à 100 % par l’ALD.
Transition* administrative : changer d’état civil
A tout moment, une personne transgenre* peut demander si elle le souhaite une modification de la mention de sexe ou du prénom dans les actes d’état civil. Une fois les informations modifiées dans ces actes, il est possible de mettre à jour ses papiers d’identité : passeport et carte d’identité.
Ces démarches sont gratuites et ne nécessitent pas d’avocat.
En savoir plus sur le changement de prénom : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F885
En savoir plus sur le changement de « sexe » : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F34826
Il est à noter que la demande de justificatifs médicaux est illégale dans le cadre de ces démarches : seuls les justificatifs listés aux adresses ci-dessous ont lieu d’être.
Les personnes mineures doivent obtenir l’accord de la.des personne.s dépositaire.s de l’autorité parentale ; ou du.de la représentant.e légal.e pour une personne sous tutelle.
Certaines structures comme l’association OriZon peuvent vous accompagner dans ces démarches à La Réunion.
Bientôt une charte des bonnes pratiques pour la prise en charge des personnes transgenres à La Réunion
L’association LGBTQIA+ OriZon, le Planning Familial 974 et le CHU de La Réunion, sont en train de finaliser une charte de bonnes pratiques pour une prise en charge bienveillante des personnes transgenres*. Cette charte fait partie des directives de l’ARS pour améliorer l’accès aux soins des personnes trans* et créer un parcours de transition* coordonné.
Ce document s’adressera avant tout aux professionnels de santé (médecins généralistes, gynécologues, infirmier.es, orthophonistes, dentistes…), afin de leur présenter les concepts de base et leur donner des lignes de conduite, des préconisations sur les bonnes pratiques à adopter face à une personne trans*, mais aussi les rassurer et leur donner des ressources. Pour les personnes trans* elles-mêmes, la charte permettra de reconnaître ce qui est acceptable ou non parmi les pratiques des professionnels de santé. Les signataires de la charte pourront également être identifiés comme professionnels de santé sensibilisés au public et aux problématiques trans*.
Elle sera disponible en ligne dès qu’elle sera prête.
Les structures ressources à La Réunion
Une dizaine de structures peuvent venir en aide ou apporter des ressources aux personnes trans*, ou qui s’interrogent simplement sur leur identité de genre*.
ARPS
Association Réunionnaise pour la Prévention des risques liés à la Sexualité
11 Bis Rue Saint-Jacques – 97400 Saint-Denis
0262 21 88 77
prevention@arps-info.com
L’ARPS propose un espace d’accueil et d’écoute et peut orienter les personnes trans* vers les structures-ressources réunionnaises adaptées à leur problématique. Les assistantes sociales de l’association peuvent également prendre en charge les personnes trans* travailleuses du sexe dans le cadre d’une prévention des risques liés à la sexualité.
Accès libre et gratuit du lundi au vendredi de 11h à 18h en journée continue
Des permanences sont également envisagées au Cegidd (voir ci-dessous)
ASETIS
Association d’Éducation Thérapeutique et d’Intervention Sociale
121 chemin Casabona – 97410 Saint-Pierre
0262 25 80 81
0693 00 89 96 – Ligne d’écoute de 9h à 18 h lundi au vendredi
accueil@asetis.re
L’ASETIS offre accueil et écoute et peut orienter les personnes trans* vers les structures-ressources réunionnaises adaptées à leur problématique.
Accès libre et gratuit du lundi au vendredi de 9h à 16h
CAPAS
Centre d’accueil pour adolescents en souffrance
6 allée des Rameaux – 97410 Saint-Pierre
02 62 35 02 16
capas@chu-reunion.fr
Cette structure du CHU propose accompagnement et soutien psychologique aux jeunes (14 à 21 ans), anime des groupes de paroles, et offre la possibilité de discuter avec les parents des personnes trans* si besoin.
Accueil les lundis, mercredis, jeudis et vendredis de 10h à18h ; le mardi de 13h à16h30; le samedi de 9h à12h
Centres de santé sexuelle CeGIDD
Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic
Rattachés à un centre hospitalier, les CeGIDD constituent des lieux d’accueil, d’écoute, d’information, de prévention et de soins pour toutes les questions relatives à la santé sexuelle. Ils regroupent des intervenants variés : médecins, gynécologues, infirmiers, psychologues, sexologues, sages femmes, assistantes sociales…
NORD EST – CHU Nord Réunion – Allée des topazes – 97400 Saint-Denis
0262 90 55 69
cegidd.nord-est@chu-reunion.fr
Du lundi au vendredi de 8h à 16h45 et les 1er samedis du mois de 8h à14h45
OUEST – Au sein du CEPS (Centre d’Education et de Prévention pour la Santé) – 29, rue Labourdonnais – 97460 Saint-Paul
0262 74 23 80
Depist.ouest@chor.re
Les lundis, mercredis et vendredis de 8h30 à 17h ; les mardis et jeudis de 8h30 à 16h et 2 samedis par mois de 9h à 12h
SUD – CHU Sud Réunion – Avenue François Mitterrand -97448 Saint Pierre
0262 35 91 65
Les lundis, mardis, mercredis et vendredis de 8h à 17h
Kozé Jeunes
Ligne d’écoute Kozé Jeunes
0 801 901 974 (numéro non surtaxé)
Kozé Jeunes est une ligne d’écoute, de soutien et d’orientation santé dédiées aux jeunes de 12 à 25 ans. Elle est accessible manière gratuite et anonyme.
Du lundi au vendredi de 12h à 16h30 et le mercredi de 9h30 à 16h30
Maison des adolescents de l’Ouest
La Maison des adolescents de l’Ouest
1 bis rue Labourdonnais 97460 Saint-Paul – A côté du CEPS (Centre d’Education et de Prévention pour la Santé)
0262 74 22 40
Ouverture du secrétariat du lundi au vendredi de 8h30 à 16h
OriZon
Association OriZon
11 allée des Jaspes – 97400 St Denis
0692 60 07 83
secretariat.orizon@gmail.com
L’association OriZon propose accompagnement, soutien et écoute, lutte contre les haines anti-LGBTQIA+.
Elle constitue la première interlocutrice et première ressource pour tout ce qui touche aux parcours de transition* à La Réunion :
- accompagnement psychologique des jeunes et de leurs parents,
- suivi social (changement des papiers, accès au logement, à la formation, aide administrative…),
- médiation avec les proches ou le milieu professionnel,
- pair aidance,
- groupes de paroles,
- bientôt un fascicule à destination des publics trans* (et accessible au maximum aux personnes illettrées) pour les guider dans les différentes étapes de la transition*,
- et en cas de besoin relogement de court à moyen terme.
L’association est implantée dans le Centre LGBTQIA+ de l’océan Indien, qui dispose d’une bibliothèque proposant des ouvrages informatifs, historiques, de fiction, etc. sur la transidentité*.
Accueil les mardis, mercredis et vendredis de 8h à 17h ; les jeudis de 8h à 18h ; et certains samedis
L’association anime aussi des permanences dans le Sud
Planning familial 974
Le Planning Familial de La Réunion
Le Planning familial de La Réunion est un Etablissement d’Information, de Consultation et de Conseil Familial (EICCF) agréé. L’association propose un espace d’accueil et d’écoute (y compris en entretien individuel) et peut orienter les personnes trans* vers les structures-ressources réunionnaises adaptées à leur problématique.
10C rue du Belvédère – Quartier de la Chapelle – 97450 Saint-Louis
0262 25 40 15
0800 08 11 11 – Ligne dédiée aux sexualités (n° vert gratuit)
Ouverture du lundi au vendredi de 8h à 16h
Permanence de Saint-Paul – 42 rue Saint-Louis – Cité Jacques Prévert – 97460 Saint-Paul
0800 08 11 11
Accueil sur rendez-vous du lundi au vendredi de 8h à 16h
Re-Queer
Association Re-Queer à La Réunion
contact.requeer@gmail.com
L’association à vocation culturelle et artistique crée des espaces sûrs (expositions et évènements) qui peuvent offrir un premier lieu où aborder la transidentité* de façon plus informelle. Elle constitue aussi une plateforme de recherche, de sociabilisation, de visibilisation et d’archive pour des luttes contre l’ensemble des dynamiques de domination à La Réunion.
RIVE
Réunion Immunodéprimés Vivre et Écouter
21, rue Malartic – 97400 Saint-Denis
0262 20 28 56
contact@association-rive.org
L’association propose un espace d’accueil et d’écoute et peut orienter les personnes trans* vers les structures-ressources réunionnaises adaptées à leur problématique.
Accueil du lundi au vendredi de 8h à 12h30 et de 13h30 à 16h
SOS Homophobie
SOS Homophobie – Association Nationale
01 48 06 42 41
sos-lareunion@sos-homophobie.org
L’association, nationale, a vocation à lutter contre les agressions et les discriminations LGBTIphobes, par l’écoute des victimes et témoins de LGBTIphobies, le soutien juridique aux victimes, des informations pratiques, etc.
Elle anime une ligne d’écoute nationale anonyme
Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.