À La Réunion, près de 2 femmes enceintes sur 10 sont concernées par le diabète gestationnel. C’est deux fois plus qu’en Métropole. Quelles sont ses causes et les conséquences pour la grossesse ?
Qu’est-ce que le diabète gestationnel ?
Le diabète gestationnel ou diabète de grossesse est un trouble de la régulation de la glycémie, découvert pendant la grossesse. Il se tradui par une augmentation de la glycémie (taux de sucre dans le sang) chez des femmes qui n’avaient pas de diabète avant leur grossesse.
Il peut s’agir :
- De femmes qui vont développer un diabète uniquement à l’occasion de leur grossesse : le plus souvent, le diabète disparaît après l’accouchement.
- De femmes qui ont un diabète méconnu et que la grossesse va révéler. Dans ces cas plus rares, le diabète persistera après la grossesse.
Deux minutes pour comprendre : le diabète gestationnel
La grossesse est une période à risque de diabète car elle induit des perturbations de l’équilibre glycémique.
Quels sont les facteurs de risque du diabète gestationnel ?
Différents facteurs et antécédents sont susceptibles d’accroitre le risque pour une femme enceinte de développer un diabète durant sa grossesse.
- Un surpoids, ou une obésité chez la maman avant la grossesse (Indice de Masse Corporelle est supérieur à 25 ou 30).
- Les antécédents familiaux : des cas de diabète de type 2 recensés dans la famille proche (père, mère, frères et sœurs).
- Un antécédent de diabète gestationnel : les femmes qui ont été sujette au diabète durant une précédente grossesse présentent un risque de récidive aux environs de 50 %.
- Avoir plus de 35 ans.
- Avoir déjà accouché d’un bébé dont le poids de naissance était supérieur à 4kg.
- Être affectée par le syndrome des ovaires polykystiques, une anomalie qui concerne une femme sur 10 en âge de procréer.
Quels sont les conséquences du diabète gestationnel ?
S’il n’est pas dépisté et correctement pris en charge, le diabète gestationnel peut être source de complications tant pour la mère que pour l’enfant.
Les risques pour l’enfant
Chez l’enfant, la complication la plus fréquente est la macrosomie, c’est-à-dire un poids trop important à la naissance – supérieur à 4kg – qui peut compliquer l’accouchement : passage difficile des épaules, trop larges par rapport à la taille du bassin de la mère, pouvant entraîner des lésions traumatiques du nouveau-né (dystocie des épaules).
D’autres complications sont également possibles chez l’enfant, comme :
- Une détresse respiratoire à la naissance
- Une hypoglycémie au moment de la naissance
- Un risque d’obésité dans l’enfance ou à l’âge adulte
Les risques pour la maman
Le diabète gestationnel expose aussi la maman à différents problèmes :
- Un risque de pré-eclampsie, qui est une urgence vitale
- Un risque d’accouchement prématuré
- Un risque d’accouchement par césarienne ou d’accouchement difficile en raison du poids important du bébé
- Un risque de refaire un diabète gestationnel au cours d’une grossesse ultérieure ou de développer un diabète de type 2 par la suite
Le dépistage du diabète gestationnel
Le diabète gestationnel n’entraîne pas de symptômes : une prise de sang est prévue dès le diagnostic de grossesse et à la fin du 2ème trimestre, si le premier bilan est normal,
- dès le diagnostic de grossesse, une glycémie à jeun (8 h sans manger – on peut boire de l’eau) est réalisée : si supérieure ou égale à 0g92, c’est un diabète gestationnel,
- si supérieure ou égale à 1g26 c’est un authentique diabète méconnu, c’est différent du diabète gestationnel.
- Au deuxième trimestre (entre 24 et 28 SA) : il est prescrit une HGPO, (Hyperglycémie provoquée par voie orale). L’examen consiste à mesurer votre glycémie à jeun. Puis 75g de glucose (un bol d’eau sucrée) est proposé avant de mesurer à nouveau la glycémie une heure et deux heures après. Une seule valeur de glycémie au-delà des seuils définis (0,92g/L à jeun; ou 1,80g/L 1h après la charge orale en glucose ; ou 1,53g/L 2h après) suffit à diagnostiquer un diabète gestationnel.
- Cet examen n’est pas utile si le diabète gestationnel a été diagnostiqué en début de grossesse.
Après l’accouchement
L’allaitement est conseillé si c’est le choix de la mère ; en effet on observe moins de diabète type 2 plus tard, chez les mères qui ont allaité (3 à 6 mois). De plus, les enfants qui ont été allaité, développent moins d’allergie et de surpoids dans l’enfance.
Il est conseillé de garder le mode de vie conseillé durant la grossesse : porter attention à l’équilibre alimentaire pour soi même et toute la famille et dès la rééducation périnéale reprendre une activité physique modérée (30 mn chaque jour).
Cela permet de revenir à son poids avant grossesse, voir un peu plus bas, si ce dernier était excessif.
Ces mesures permettent d’éviter un diabète gestationnel pour la prochaine grossesse et de prévenir l’apparition d’un authentique diabète type 2.
Enfin, une surveillance de la glycémie chaque année sera proposée par le médecin traitant pour dépister le diabète type 2.
Si vous avez un projet de grossesse
Si vous faite partie de la population à risque, il est intéressant de réaliser une glycémie à jeun pour vérifier l’absence de diabète type 2 méconnu ou de pré-diabète ; si c’est le cas, le médecin traitant vous proposera une consultation auprès du diabétologue pour préparer votre grossesse en toute sécurité.
Si la glycémie est normale, il est tout de même utile de modifier son mode de vie (activité physique modérée 30 mn chaque jour ou une heure 3 fois par semaine et équilibre alimentaire) ; si le mode de vie est déjà adapté, il est important de le maintenir. Cela permet d’augmenter la fertilité et d’éviter le diabète gestationnel.
Sources
Ma grossesse avec un diabète gestationnel – Fédération Française des Diabétiques
Le diabète gestationnel : définition, facteurs de risque et conséquences – AMELI
Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.