La ménopause correspond à l’arrêt définitif des règles. Cette étape naturelle de la vie d’une femme peut être marquée par différents désagréments mais se déroule bien dans la majorité des cas ! Le point avec le Professeur Peter Von Theobald, Chef de service Gynécologie et Obstétrique au CHU Félix Guyon.

La ménopause survient lorsque notre « réserve ovarienne » est tarie. Les filles naissent en effet avec un nombre fini de follicules, contenus dans les ovaires. A partir de la puberté, tous les mois, une centaine de follicules sont détruits : l’un ovule tandis que les autres dépérissent. Une fois que l’on a épuisé tous nos follicules, les ovaires arrêtent de produire des œstrogènes et de la progestérone : c’est la ménopause.

« La ménopause, par définition, est confirmée après un an sans règles » explique le Professeur Von Theobald, responsable du service Gynécologie-Obstétrique du CHU de Saint-Denis. « On parle de ménopause précoce à partir de 40 ans, et de ménopause tardive aux alentours de 60 ans, ce qui n’est pas anormal. »

Ménopause : les symptômes qui l’annoncent

« Parfois la ménopause s’annonce, parfois elle ne s’annonce pas. Pour certaines femmes, la ménopause arrive d’un coup : elles ont leurs règles tous les mois, puis plus rien. D’autres montrent des signes de préménopause », détaille le Professeur.

Irrégularité des cycles

« Certaines femmes en préménopause ont des cycles modifiés : de plus en plus courts avec des règles toutes les 3 semaines ou de plus en plus longs avec des règles tous les mois et demi ou deux mois. Certaines femmes quant à elle saignent presque en permanence.

On voit aussi très fréquemment des femmes qui ont des cycles normaux, un arrêt des règles pendant quelques mois, une reprise pendant par exemple un an, puis à nouveau un arrêt, etc.

Tout est possible et dépend de chaque femme. »

Bouffées de chaleur

« Les bouffées de chaleur sont un signe de manque d’œstrogènes, des hormones ovariennes. Elles durent en moyenne 3 à 5 ans. Au bout d’un an, 30 % des femmes n’en ont déjà plus, et 90 % au bout de 5 ans. 10 à 15 % des femmes en ont toute leur vie et certaines n’en ont jamais. Ces bouffées de chaleur peuvent être plus ou moins gênantes. »

Modification du volume des règles

« Au cours de la préménopause, les règles peuvent devenir moins abondantes, ou plus abondantes, avec parfois des règles hémorragiques qui peuvent provoquer une anémie et engendrer une grande fatigue. »

Douleurs aux seins

Certaines femmes peuvent également ressentir une tension mammaire, des douleurs ou un gonflement des seins à certains moments.

« On considère que la préménopause dure une dizaine d’années. En général la grande majorité des femmes de 40 à 50 ans sont en préménopause », précise le Professeur.

Quels traitements pour soulager les signes de préménopause ?

« Le ‘traitement’ de la préménopause, qui fonctionne très bien, consiste à compenser le manque de progestérone. On utilise pour cela une pilule progestative, à raison de 3 semaines par mois. On peut par exemple la prendre pendant 3 ou 6 mois, arrêter, puis refaire une cure, jusqu’à la ménopause.

On peut également utiliser ce traitement plus de 3 semaines par mois : il prend alors un effet contraceptif.

En effet, même si le risque de grossesse est plus faible en période de préménopause du fait de la baisse de fertilité, tant que les femmes ont des règles, il n’est pas nul. Le traitement par progestérone constitue un contraceptif aussi sûr qu’une pilule ‘classique’ ».

Comment savoir si on est en ménopause ?

La ménopause est avérée au bout de 12 mois sans règles. Une prise de sang ne nous éclaire que sur le fonctionnement des ovaires au moment où elle est prélevée et ne peut donc pas constituer un diagnostic.

Les signes les plus courants de la ménopause sont liés à la diminution des hormones :

  • les bouffées de chaleur,
  • la prise de poids : « en moyenne 5 kg dans l’année qui suit la ménopause, pour beaucoup au niveau des seins, des hanches et de l’abdomen. Cependant, certaines femmes maigrissent, d’autres prennent 20 kg et d’autres ne modifient pas leur poids », nuance le Professeur Von Theobald,
  • une augmentation du volume des seins : « les seins étant composés à 80 % de graisse et la ménopause favorisant la prise de poids, on constate la plupart du temps une augmentation du volume des seins »,
  • la sécheresse vaginale : « celle-ci est liée à l’absence d’œstrogènes, mais se traite parfaitement par des moyens locaux ».

« Les femmes peuvent parfois également ressentir un mal-être : lorsqu’on a des bouffées de chaleur et que l’on dort mal la nuit, que l’on prend du poids, on n’est pas bien dans sa peau, on peut déprimer, avoir des troubles de l’humeur, etc. C’est à cette période qu’intervient également le syndrome du nid vide, lorsque les enfants quittent le foyer, etc.

C’est un âge où beaucoup de choses changent. Mais ce mal-être général est lié à ces changements et certainement pas aux hormones, ça c’est un discours très machiste ! », précise le gynécologue.

Ménopause et sexualité

Et au niveau sexuel ? « Les femmes sont toujours très inquiètes quant à leur sexualité après la ménopause. Si leur sexualité est épanouie avant la ménopause, elle restera épanouie après.

Mais si elle est déjà ‘défaillante’ avant, le fait d’avoir une sécheresse vaginale, par exemple, peut accentuer un mal-être sexuel, une diminution de l’envie, une diminution des orgasmes, etc. »

Quels traitements pour soulager les signes de ménopause ?

« Il existe le traitement substitutif hormonal, ou TSH, un traitement œstroprogestatif à base d’œstrogènes et de progestérone. En France, ces hormones sont naturelles, afin de limiter le risque de cancer du sein induit par la prise d’œstrogènes. Le TSH pallie entre autres les bouffées de chaleur et prévient l’ostéoporose, qui peut survenir du fait de carences alimentaires ou de facteurs de risques comme les traitements corticoïdes, etc. S’il n’y a pas de bouffées de chaleur, on peut recourir à des traitements non hormonaux.

A La Réunion, il existe par ailleurs des tisanes efficaces contre les bouffées de chaleur. Il est tout à fait possible de se faire conseiller par un tisaneur. Les TSH comportent en effet certains risques et sont à réserver aux grosses bouffées de chaleur.

Contre la sécheresse vaginale, on peut utiliser 2 à 3 fois par semaines des ovules avec de l’oestriol, une forme d’œstrogène. Ils permettent de maintenir une lubrification et une souplesse des tissus du vagin correctes, et ainsi d’éviter les douleurs lors des rapports, de diminuer le risque d’infection urinaire et d’incontinence urinaire. Environ 30 % des femmes ont besoin d’un traitement contre la sécheresse vaginale.

L’activité physique est également très importante, qu’il s’agisse de yoga, d’activités de détente, de gymnastique, etc. A la ménopause, la morphologie des femmes change, la graisse abdominale augmente et le sport est très important, autant pour son image corporelle que pour rester en forme, rester musclée et tonique et compenser la prise de poids.

Enfin, il est important également de réfléchir à une prise en charge du bien-être, voire à un soutien psychologique si besoin », conseille le Professeur Von Theobald.

Quels professionnels consulter ?

« Les médecins généralistes, gynécologues, certaines sages-femmes formées, peuvent venir en aide aux femmes en période de ménopause pour leur prodiguer des conseils, etc.

Malheureusement, à La Réunion, il n’y a pas encore de centre de prise en charge dédié à la ménopause. C’est un besoin et un projet que j’appelle de mes vœux !, déclare le responsable de service. Un tel centre pourrait proposer aux femmes une prise en charge pluridisciplinaire, avec des généralistes, des gynécologues, des sages-femmes, des psychologues, des chirurgiens esthétiques, des diabétologues, des dermatologues, des diététiciennes nutritionnistes, mais aussi une offre sportive, un espace de parole, etc.

Dans tous les cas, il est conseillé à toutes les femmes quel que soit leur âge de consulter un gynécologue une fois par an afin qu’il puisse répondre à leurs questions si elles ont.

Et rappelons que la très grande majorité des femmes ont une ménopause heureuse et qui se passe bien. Et surtout, la ménopause n’est pas une maladie ! »

Partager :

Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.