La campagne de vaccination contre le Covid-19 a démarré fin janvier 2021 à La Réunion, le vaccin est gratuit et sans obligation. Mais peut-on avoir confiance dans un vaccin mis au point en si peu de temps ? Le vaccin protège-t-il vraiment, même contre les variants ? Peut-on contaminer les autres même quand on est vacciné ? Pour vous aider à prendre une décision bien informée, voici des réponses détaillées à toutes vos interrogations.

Depuis l’ouverture de la campagne de vaccination pour lutter contre l’épidémie de covid-19, sur les réseaux sociaux, une question revient : “depuis quand un vaccin i fé en 2 jrs ? “

Comment avoir confiance dans un vaccin si récent ?

Si la Covid-19 est une maladie récente, le procédé de la vaccination ne l’est pas lui ! Les scientifiques à la manœuvre pour développer un vaccin contre l’épidémie le SARS-CoV-2 ne sont pas partis de rien.

Les laboratoires qui se sont lancés dans la course au vaccin pour lutter contre la pandémie de Coronavirus ont bénéficié des travaux déjà réalisés pour la mise au point de vaccins contre d’autres coronavirus, le SRAS-CoV et le MERS-CoV notamment.

Même les nouveaux procédés utilisés, comme les vaccins à ARN messager (fabriqués à partir du code génétique du virus – voir encadré suivant) ne sont pas si nouveaux : des chercheurs travaillent sur ce type de vaccin depuis les années 1990. Fabriqués à partir du code génétique du virus, cette technique permet d’informer notre système immunitaire sur la stratégie à adopter pour combattre le virus lorsqu’il y sera confronté.

À Savoir

ADN, ARN, qu’est ce que c’est et comment ça marche ?

Depuis le début de la pandémie, beaucoup de nouveaux mots (ou plutôt des mots auparavant employés surtout par les scientifiques et les médecins) sont apparus : “comorbidités”, clusters, “anosmie” ou encore “ARN”. Pourquoi l’ARN est il aussi important ?

L’ADN (pour acide désoxyribonucléique), tout le monde en a entendu parler : pour imager, il s’agit d’un livre d’instructions qui indiquerait la façon de construire et de fonctionner d’un être vivant (insectes, être humains, animaux, plantes…tous ont de l’ADN). Cet ADN est constitué de gènes qui sont à l’origine de nos caractéristiques individuelles : couleur des yeux, taille de nos os…tout ! Chaque être vivant a sa copie unique d’ADN, et c’est ce qui fait que personne ne se ressemble. Cet ADN est enfermé dans le noyau de chaque cellule de notre corps. Quand une cellule se divise, cet ADN est répliqué à l’identique pour la nouvelle cellule. Si une modification se produit au niveau d’un gène lors de cette réplication, on parle de mutation.

Pour que le corps fonctionne, il faut des protéines. Ces protéines sont synthétisées à l’intérieur de nos cellules grâce à l’ADN qui donne les instructions. Pour passer de l’ADN à une protéine, l’intermédiaire est ce fameux ARN messager (pour acide ribonucléique) : l’ARN correspond à une copie d’une région de l’un des brins de l’ADN. L’ARN sera en fait un peu l’ADN de la protéine.

Alors pourquoi parle t-on de virus à ARN ? En fait, les virus peuvent avoir leur matériel génétique sous forme d’ADN ou d’ARN. Ces caractéristiques sont utilisées pour classer les différents virus. Les virus à ARN ont l’avantage de ne pas avoir besoin de pénétrer dans le noyau des cellules pour pouvoir se répliquer, car ils ont le plus souvent leur propre système de réplication. Il leur suffit donc de rester à coté du noyau des cellules. Et le cornavius-19 est un virus à ARN.

C’est la raison pour laquelle on parle de “vaccin à ARN”.

Le principe de la vaccination en général est simple : il consiste à injecter une forme atténuée ou inactivée d’un agent infectieux ou de certains de ses composants dans l’organisme pour le préparer à un contact ultérieur avec cet agent. La vaccination permet ainsi de développer des cellules immunitaires « mémoires », capables de reconnaître à nouveau immédiatement cet agent si l’individu venait à y être exposé « naturellement ».

Dans le cas de la vaccination contre la covid, un morceau seulement de l’ARN du virus est injecté ; cette séquence contient des instructions pour la production d’une protéine du coronavirus. Les cellules du corps peuvent donc fabriquer elles-mêmes cette protéine choisie pour sa capacité à déclencher une réponse protectrice. Ainsi, lorsque la personne vaccinée est confrontée au coronavirus, son corps est armé pour le repousser. Et si vous avez bien lu cet encadré et tout compris, vous en déduirez que l’ARN injecté via le vaccin n’a aucun risque de transformer notre génome ou d’être transmis à notre descendance puisqu’il ne pénètre pas dans le noyau des cellules ! Or, c’est dans ce noyau cellulaire que se situe notre matériel génétique.

Peut-on attraper la covid-19 une fois vacciné ?

La réponse simple et rapide est : oui, mais vous avez (beaucoup) moins de risques. La réponse détaillée est un peu plus longue.

Car il n’y a pas d’absolu en matière de vaccination, pas de 100 % ou de 0 % : tout est question de probabilité et de calcul de risque. D’autant que cette question est en réalité assez vaste, et cache trois notions importantes :

  • Si l’on est porteur, peut-on développer des symptômes malgré la vaccination ?
  • Peut-on contracter le virus malgré la vaccination, c’est-à-dire en être porteur même si on ne ressent aucun symptôme ?
  • Enfin, si l’on contracte le virus, avec ou sans symptômes, peut-on contaminer les autres malgré la vaccination ?

Pour ces trois questions-clé, la réponse semble être aujourd’hui la même : oui, c’est possible, mais les risques diminuent beaucoup grâce à la vaccination.

Peut-on développer des symptômes malgré la vaccination ?

C’est l’effet le mieux connu des vaccins aujourd’hui : ils préviennent ou atténuent très efficacement les conséquences de la maladie. Pour ne parler que des vaccins utilisés à La Réunion, dès les essais cliniques, ils ont démontré leur capacité à prévenir les formes symptomatiques légères à modérées :

  • COMINARTY (Pzifer-BioNTech) – deux injections : 95 % contre la souche historique, 72.1 % contre le variant sud-africain, dominant à La Réunion (lien)
  • JANSSEN (Johnson & Johnson) – une seule injection : 66,9 %, même en présence du variant sud-africain, dominant à La Réunion (lien)

Pour le vaccin Pfizer-BioNTech, largement déployé dans le monde depuis le début de l’année, de nombreuses études conduites par des chercheurs de tous horizons ont depuis confirmé ces premiers résultats.

A RETENIR DONC : Il est donc possible d’avoir des symptômes malgré la vaccination, mais c’est peu probable. Et le cas échéant, ces symptômes sont moins graves que si vous n’aviez pas été vacciné.e. L’efficacité de la vaccination varie aussi en fonction des personnes. Chez les personnes très âgées ou dont le système immunitaire est affaibli, le vaccin peut se montrer moins efficace ; une troisième dose peut alors être recommandée.

Peut-on contracter le virus malgré la vaccination ?

Fin 2020, Ruth Karron, directrice du Centre de recherche vaccinale de l’université américaine John Hopkins déclarait à la revue Science : “Les données que nous avons indiquent que les vaccins empêchent de développer une forme sévère de la maladie, mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas être infectés et la transmettre à n’importe qui.”

Mais depuis, plus de deux milliards personnes dans le monde se sont fait vacciner, et on dispose de nouvelles études “en vie réelle”. Ces recherches sont réalisées non pas en laboratoire ou tirées d’hypothèses théoriques, mais basées sur l’analyse des effets de la v