S’il est compliqué d’empêcher les boutons d’acné de se manifester, il est important de bien les prendre en charge. Explications et conseils du Dr Bertolotti, dermatologue et vénérologue au CHU Sud de La Réunion.

L’acné est une maladie de peau très fréquente, qui apparaît de manière générale à l’adolescence, chez les garçons comme chez les filles. Mais elle peut également toucher les hommes et femmes adultes, et parfois même les nourrissons.

Elle se manifeste principalement au niveau du visage mais également en haut du dos et en haut du thorax.

Quelques chiffres :

  • 75 à 95 % des ados
  • 12 % des femmes de 25 à 58 ans
  • 3 % des hommes de 25 à 58 ans concernés par l’acné

Acné modérée à très sévère dans 20 % des cas !

L’acné : à quoi ça ressemble ?

« On distingue différentes lésions d’acné, explique le Dr Bertolotti :

  • l’hyperséborrhée : les glandes sébacées produisent trop de sébum, ce qui entraîne une peau grasse et luisante,
  • les lésions rétentionnelles, qui se manifestent par des points noirs (comédons ouverts) ou des points blancs (comédons fermés),
  • lorsque ces lésions rétentionnelles deviennent inflammatoires, elles peuvent prendre l’aspect de boutons aux bordures rouges et à l’intérieur blanchâtre, plus ou moins pustuleuses,
  • dans les formes d’acné sévère, on retrouve des nodules voire des abcès qui peuvent mesurer plus d’un centimètre. »

Quelles sont les causes de l’acné ?

Prédisposition génétique, raison hormonale ou infectieuse, l’acné peut avoir plusieurs causes et touche aussi bien les jeunes que les adultes ou même les nourrissons.

Causes principales de l’acné

« Les 3 principales causes de l’acné sont

  • génétique : il y a une prédisposition génétique indéniable, c’est-à-dire que l’acné sera plus présente dans certaines familles que dans d’autres,
  • hormonale : on ne fait pas d’acné à 70 ans ! On fait de l’acné principalement quand on est adolescent, lorsque le taux d’androgène (hormone stéroïdienne présente chez les hommes et les femmes, NDLR), augmente,
  • infectieuse, même si cette composante reste minoritaire. On peut en effet identifier des bactéries dans les lésions, principalement Cutibacterium acnes. »

Acné de l’adulte et du nourrisson

Si les jeunes sont les cibles les plus probables de l’acné, cela peut concerner aussi les adultes et les bébés.

« On trouve parfois des formes d’acné plus précoces (chez le nourrisson) et inversement plus tardives (25 à 40 ans notamment). Elle peut alors être un signe d’une maladie endocrinienne, et conduire à rechercher des pathologies gynécologiques, des maladies des hormones, etc. »

L’acné chez le sportif de haut niveau

« On constate aussi depuis quelques années une recrudescence d’acné chez les sportifs de haut niveau qui ont une activité de musculation importante et consomment certains produits comme de la whey protéine. Cette protéine stimule en effet un androgène et provoque un développement de l’acné. »

L’acné liée aux cosmétiques

Selon le Dr. Bertolotti, les produits cosmétiques sont une cause possible à prendre en considération.

« De nombreux éléments extérieurs peuvent également entraîner de l’acné : par exemple les huiles végétales, poudres, pigments, etc. que l’on peut trouver dans les crèmes et cosmétiques de mauvaise qualité. Il s’agit donc de faire très attention à ce que l’on met sur sa peau ! »

Acné et port du masque

Depuis la pandémie de Covid-19, de nombreuses personnes suspectent le masque de causer de l’acné.

« Même s’il ne s’agit pas d’acné au sens strict, on constate parfois l’apparition de lésions à type d’acné avec le port du masque. Elles sont souvent dues à des bactéries comme le staphylocoque qui peuvent migrer du nez aux joues lorsque l’on ne change pas son masque assez souvent ou que l’on se touche souvent le nez, la bouche et les joues. »

Les traitements de l’acné

« Aujourd’hui, à mon sens, l’acné doit être prise en charge par un médecin généraliste ou un dermatologue, prévient le Dr Bertolotti. Il existe des traitements de première intention qui sont facilement réalisables et des recommandations françaises qui ont été publiées au niveau national, énonçant les traitements les plus appropriés selon le type de lésion*.

Aujourd’hui, il existe de nombreux traitements, dépendant du type d’acné et de sa sévérité. On les combine souvent de façon à avoir des actions diverses sur les lésions. »

Les soins locaux

« Pour des acnés légères ou moyennes, on utilise des rétinoïdes en application locale afin de réduire l’épaisseur excessive de la peau et de déboucher les pores.

Ils provoquent généralement une sécheresse de la peau et une sensibilité à la lumière du soleil. C’est pourquoi il est préférable de les utiliser le soir et d’hydrater correctement sa peau avec un produit adapté.

Sur des lésions inflammatoires, des antibiotiques locaux peuvent être employés. Un autre traitement très employé est le peroxyde de benzoyle, qui va avoir une action à la fois kératolytique (qui lutte contre une production de peau excessive, NDLR) et antibactérienne.

Ces traitements sont généralement accompagnés d’un soin moussant après la douche afin de nettoyer correctement le visage, et d’une crème hydratante le lendemain matin. »

Des antibiotiques par voie interne

« Ensuite, selon la sévérité de l’acné, on peut être amené à utiliser des antibiotiques nommés cyclines. Ils sont prescrits à faible dose sur environ trois mois pour limiter l’inflammation que l’on trouve principalement sur des lésions très rouges. Ce traitement n’est toutefois pas adapté aux jeunes enfants ni aux femmes enceintes.

Attention : il existe également une photo toxicité avec cet antibiotique. Il est donc indispensable de limiter son exposition au soleil, a fortiori à La Réunion où l’indice UV est très important, été comme hiver. »

Les rétinoïdes par voie interne

« Ces traitements sont très efficaces mais nécessitent des précautions. Contrairement aux crèmes à base de rétinoïdes, les rétinoïdes par voie interne sont des substances tératogènes, c’est-à-dire qu’elles peuvent provoquer des malformations du fœtus.

Leur prescription est donc strictement encadrée et soumises à de nombreuses conditions et contraintes, notamment chez les jeunes femmes. Cependant, en cas de formes sévères, il peut y avoir urgence à les débuter, afin d’éviter de nombreuses cicatrices profondes. »

L’hormonothérapie à visée anti-acnéique

« Il peut également être intéressant et important pour les jeunes filles qui ont beaucoup d’acné et commencent à utiliser un moyen de contraception hormonale d’envisager une pilule qui pourrait aussi lutter contre l’acné. Plutôt de type microprogestatif, elle peut parfois suffire à éviter des soins locaux.

Un dermatologue pourrait prescrire une telle pilule mais il y a souvent d’autres critères à prendre en compte pour la contraception. C’est pourquoi il peut être conseillé de consulter un gynécologue ou un médecin généraliste qui connaît le sujet…

Enfin, certains utilisent le zinc en complément alimentaire, qui fonctionne très bien chez certains patients, mais pas du tout chez d’autres », termine le dermatologue.

5 Bons gestes pour limiter l’acné et ses séquelles

Même si on ne peut pas réellement empêcher l’apparition de l’acné due à des causes génétiques, hormonales et infectieuses, on peut limiter la cicatrice !

5-bons-gestes-acne-illustration

  • Eviter de manipuler les boutons : plus on les touche, les perce ou les vide, moins bien ils cicatrisent.
  • Utiliser un gel ou une lotion moussante de bonne qualité (disponibles en parapharmacie sans ordonnance) pour bien nettoyer et purifier la peau.
  • Hydrater sa peau avec une crème de bonne qualité, les traitements contre l’acné ayant tendance à assécher la peau.
  • Limiter l’exposition au soleil : une exposition aux UV peut entraîner une coloration des lésions et des cicatrices irréversibles. Pour se protéger, on préfèrera les protections physiques (chapeau, vêtements couvrants, etc.) aux crèmes solaires qui peuvent obstruer les pores.
  • N’utiliser que des produits simples et de bonne qualité : on évite les produits qui contiennent des parfums, des pigments et de manière générale des allergènes. On privilégiera donc les produits recommandés par un pharmacien, un médecin ou un dermatologue aux produits que l’on trouve en grande surface.

Quel que soit le type d’acné dont on souffre, il est important de consulter un professionnel de santé qui pourra nous proposer une prise en charge adaptée et limiter les séquelles esthétiques de cette maladie.

Sources

Acné : quand et comment la traiter ? – HAS

Types de lésion – Recommandations acné – eco.sfdermato.org/

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Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.