À La Réunion, un adulte sur 3 serait concerné par l’hypertension. Mais plus de la moitié des personnes concernées ignorent leur maladie car elle ne provoque souvent aucun symptôme. C’est une maladie silencieuse qui semble anodine et pourtant, elle est l’un des principaux facteurs de risque d’insuffisance cardiaque, d’insuffisance rénale et d’AVC. Elle est en cause dans plus de 700 décès chaque année à La Réunion. Il ne faut donc pas la prendre à la légère

QU’EST-CE QUE LA PRESSION ARTÉRIELLE ?

L’hypertension artérielle est une maladie cardiovasculaire souvent abrégée par les lettres HTA. Comme son nom l’indique, elle correspond à une pression dans les artères trop élevée.

Les artères acheminent le sang depuis le cœur vers les organes. La pression (ou tension) artérielle mesure la force exercée par le sang sur la paroi des artères. Un peu comme la pression de l’eau dans un tuyau d’arrosage. Un niveau minimal de pression est nécessaire pour que le sang circule dans tout l’organisme mais il ne faut pas non plus que cela dépasse certaines valeurs. On parle d’hypertension artérielle quand cette pression est en permanence trop élevée.

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COMMENT EST MESURÉE LA PRESSION ARTÉRIELLE ?

La pression artérielle se mesure par deux valeurs :

  • La pression maximale, également appelée pression systolique
  • La pression minimale, également appelée pression diastolique

Pression maximale ou systolique

La première valeur de la pression artérielle correspond à la pression au moment de la contraction du cœur. À cet instant, la pression dans les artères atteint son niveau le plus élevé. On parle alors de pression systolique ou pression maximale, qui permet de propulser le sang du cœur vers les organes.

Pression minimale ou diastolique

La deuxième valeur de la pression artérielle correspond au moment où le cœur se relâche. Lorsque le sang reflue dans les artères et retourne vers le cœur, la pression artérielle redescend à son niveau le plus faible. C’est la pression diastolique ou minimale, qui permet aux ventricules du cœur de recevoir le sang arrivant des oreillettes.

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En pratique, ces pressions sont mesurées avec un tensiomètre placé autour du bras, parfois autour du poignet.

Le plus souvent, lorsqu’un professionnel de santé mesure notre tension, il annonce le résultat en nous donnant deux chiffres. Par exemple : 12/8. Le premier de ces chiffres correspond alors à la pression systolique (maximale), et le second à la pression diastolique (minimale). C’est une manière rapide et compréhensible de donner les valeurs de la tension, mais en réalité, cela veut dire que notre tension est de 120/80 mmHg.

mmHg, ça veut dire quoi ?

mmHg est une abréviation qui signifie millimètre (mm) de mercure (Hg, du latin Hydrargyrum). Il s’agit de l’unité utilisée pour mesurer la pression artérielle. 1 mmHg correspond à 0,00133 bar.

QUEL EST LE SEUIL DE L’HYPERTENSION ?

Les deux valeurs de la pression artérielle devraient être comprises entre 100 et 140 mmHg pour la pression systolique, et entre 60 et 80 mmHg pour la pression diastolique. On parle d’hypertension artérielle lorsque l’une de ces valeurs est :

  • supérieure à 140 mmHg pour la pression maximale (systolique)
  • supérieure à 90 mmHg pour la pression minimale (diastolique)

LE DIAGNOSTIC DE L’HYPERTENSION

Pour la Haute Autorité de Santé, il ne suffit pas d’une mesure de tension élevée pour conclure à l’hypertension. Celle-ci doit en effet être constatée à plusieurs reprises au cours du temps pour que le diagnostic soit confirmé. Pour conclure à une HTA, il faut donc :

  • 2 mesures de tension supérieures à 140/90 mmHg
  • lors de 3 consultations différentes
  • à plusieurs mois d’intervalle (entre 3 et 6 mois)

L’effet blouse blanche

De nombreuses personnes voient leur tension augmenter en consultation alors qu’elle est normale en dehors du cabinet médical. Cet “effet blouse blanche” a conduit la HAS à recommander de confirmer tout diagnostic d’hypertension par une automesure à domicile.

Le bilan en cas de HTA confirmée

Si le diagnostic d’HTA est confirmé, votre médecin vous fera un bilan complet afin de déterminer :

  • Si votre HTA est secondaire ou essentielle (voir plus bas pour connaître la différence)
  • S’il n’y a pas de maladie associée qui pourraient aggraver cette HTA : diabète, excès de cholestérol, etc.
  • Et si vous ne présentez pas d’atteinte des organes cibles

COMMENT LA TENSION ARTÉRIELLE EST-ELLE RÉGULÉE PAR NOTRE ORGANISME ?

En temps normal, notre organisme dispose de moyens très sophistiqués pour réguler naturellement notre tension artérielle.

Les artères, une histoire de plomberie

La pression à l’intérieur de nos artères obéit aux mêmes règles qu’un système de tuyauterie. La pression à l’intérieur d’un tuyau dépend en effet de deux principaux facteurs :

  • La quantité de liquide qui circule à l’intérieur du tuyau : plus elle est importante, plus la pression est élevée
  • Le diamètre du tuyau : plus il est large, plus la pression est faible

Pour notre pression artérielle, c’est un peu la même chose.

Le diamètre des artères

Comme en plomberie, plus le diamètre d’une artère est étroit, plus la circulation du sang est difficile, et plus la pression est forte. Lorsque les muscles de la paroi des artères se contractent, le diamètre de l’artère diminue et donc, la pression augmente. Ces contractions surviennent suite a des stimulations nerveuses et sous l’influence de certaines hormones, dont celles produites par la glande surrénale (voir plus bas). À l’inverse, lorsque les artères se relâchent, la pression diminue.

Le volume de sang

Le niveau de pression artérielle dépend également de la quantité de liquide qu’il y a dans les vaisseaux. Reprenons l’image de la plomberie : si on augmente le volume de liquide qui circule dans un tuyau, la pression à l’intérieur de celui-ci augmentera également. Dans le cas des artères, le liquide qui circule, c’est bien sûr notre sang.

Or, le volume de sang contenu dans notre organisme n’est pas constant. Il varie en fonction de la quantité d’eau qu’il contient. Même si ces variations sont faibles, elles ont un retentissement important sur la pression artérielle.

Le rein, un régulateur primordial

Nos reins ne se contentent pas de filtrer le sang pour le nettoyer de ses impuretés. Ils abritent également un système complexe qui permet de réguler en permanence la quantité d’eau dans notre organisme, et donc le volume de sang qui circule dans nos artères. En libérant des hormones, le rein est en effet capable d’agir sur la manière dont notre corps va retenir l’eau ou l’évacuer.

Ce mécanisme hormonal, appelé “système rénine-angiotensine-aldostérone”, permet également d’agir sur la contraction des artères. C’est-à-dire qu’il permet, en fonction des besoins, d’élargir ou de rétrécir nos artères. Et donc d’augmenter ou de diminuer la pression à l’intérieur de celles-ci.

La glande surrénale, usine hormonale

Comme son nom l’indique, la glande surrénale est située juste au dessus du rein. Elle libère différentes substances chimiques appelées hormones. Ces hormones jouent un rôle important dans le fonctionnement de notre organisme.

La glande surrénale produit notamment l’adrénaline ou hormone du stress. Dès que la surrénale est alertée par un stress extérieur, elle libère de l’adrénaline qui fait se contracter les artères : la pression augmente.

Elle produit également une autre hormone : l’aldostérone. Son rôle est de permettre la réabsorption de sodium (sel) dans le sang lors de son passage au niveau du rein. Lorsqu’il est plus riche en sodium, le sang se charge en eau et son volume augmente. La pression art