La dengue ophtalmique est une complication oculaire de la dengue. Comment identifier la dengue ophtalmique ? Quelles en sont les manifestations ? Comment la soigner ? On a posé ces questions au Docteur Cécile Saint-Pastou, praticien hospitalier en médecine interne et en infectiologie au CHU de La Réunion.

La dengue est une maladie virale transmise par les moustiques. Elle se manifeste généralement par des symptômes bien reconnaissables : fièvre, maux de tête, douleurs articulaires et/ou musculaires, douleurs rétro-oculaire, sensations de grande fatigue ou encore éruptions cutanées. Selon l’atteinte il faudra au patient entre 1 et plusieurs semaines pour se remettre totalement d’une dengue, la fatigue pouvant notamment persister bien au-delà d’une semaine. Dans certains cas, un type de symptôme bien particulier peut aussi apparaitre : des atteintes au niveau des zones les plus sensibles des yeux. On parle alors de dengue ophtalmique.

Qu’est ce que la Dengue Ophtalmique ?

La dengue ophtalmique est une complication oculaire de la dengue. Elle va se manifester environ une semaine après le début des symptômes. Selon les épidémies de dengue, la dengue ophtalmique peut concerner jusqu’à 10% des malades. C’est une complication dont le traitement n’est pas codifié et l’évolution incertaine : soit l’état du patient s’améliore seul soit il conservera des séquelles à moyen ou long terme qui le handicaperont au quotidien (difficultés à conduire, à regarder des écrans, perte d’acuité visuelle, grande fatigabilité de l’œil).

Quelles sont les causes de la dengue ophtalmique ?

Peu d’études ont été réalisées pour comprendre la survenue de cette atteinte. Cela dépend probablement du virus en lui-même, cela peut aussi être en lien avec le sérotype, cela peut dépendre du système immunitaire du malade et de facteurs génétiques. On pense beaucoup à une réponse immunitaire inadaptée au niveau de l’œil.

Quels sont les symptômes ?

Les classiques douleurs rétro-oculaire (mal derrière les yeux qui est typique de la dengue) dont se plaignent de nombreux patients atteints de dengue n’alertent pas particulièrement les médecins : sans association avec les autres symptômes cela ne signifie pas que l’on souffre de dengue ophtalmique.

Les symptômes qui alertent :

  • flou visuel
  • diminution de la vision
  • vision double
  • tâches noirâtres ou scintillantes, éclair ou étincelle dans les yeux corps flottant
  • tâches avec altération du champs visuel déformation d’images (métamorphopsie)

La dengue peut toucher plusieurs segments de l’œil, notamment des zones particulièrement sensibles : la rétine (tissu neurosensoriel qui transforme la lumière captée par notre œil en information pour notre système nerveux), la macula (qui gère la vision centrale et fixe) et enfin le nerf optique. L’an passé à La Réunion les praticiens du CHU ont observé de nombreuses atteintes au niveau de la macula.

Comment réagir si je développe des symptômes ?

Inutile de se précipiter aux urgences de nuit : la prise en charge se fera de jour et c’est votre médecin ou votre ophtalmologue qui vous renverront à l’hôpital si c’est nécessaire. C’est donc vers vos professionnels de santé de proximité qu’il faut se tourner en priorité. Les centres hospitaliers restent disponible en second recours ou après avis de votre médecin traitant ou ophtalmologue. Avant d’aller consulter, vous pouvez déjà réaliser un auto-diagnostique. Testez votre vision œil par œil en regardant une grille : si les lignes de la grille sont déformées ou des morceaux de vision amputés cela peut être une indication de dengue ophtalmique.

Quels sont les traitements de la dengue ophtalmique ?

Les traitements dépendront de l’examen ophtalmologique et de l’atteinte :

  • des gouttes en traitement local
  • des corticoïdes en traitement oral
  • des corticoïdes à forte dose par voie intraveineuse
  • des perfusions d’anticorps dans de rares cas

Des traitements pas nécessairement satisfaisants et qui ne permettent pas de palier les atteintes dont souffrent les patients. L’arsenal thérapeutique pour faire face à la dengue ophtalmique est très limité et les médecins se trouvent souvent démuni face à ces symptômes. La prévention reste donc le meilleur moyen de ne pas développer une dengue ophtalmique : on ne le répétera jamais assez : il est essentiel de démoustiquer régulièrement ses espaces extérieurs et de s’asperger de répulsif dès le début de la saison des pluies.

Quelle est la différence entre dengue ophtalmique et dengue hémorragique ?

La dengue hémorragique est un autre type de complication de la dengue. Une complication très grave qui peut tuer. Les symptômes vont se manifester durant la première semaine de dengue, en parallèle de la chute des plaquettes. La dengue hémorragique est fort heureusement très rare et concerne 1% des cas de dengue. En plus des symptômes classiques de la dengue, les patients vont présenter des hémorragies multiples : cutanées, gastro-intestinales ou encore cérébrales.

Des hémorragies qui peuvent se compliquer d’un symptôme de choc qui peut avoir une issue fatale. Le risque de souffrir de dengue hémorragique est plus élevé en cas de dengue secondaire avec un autre sérotype : c’est-à-dire lorsque l’on attrape la dengue pour la seconde fois et que le sérotype n’est pas le même que lors de la première infection.

Attention

La dengue hémorragique n’a rien à voir avec les yeux rouges que peut parfois entrainer la dengue.

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Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.