Le vapotage passif c’est dangereux pour la santé ? Quels sont les risques de la vape et comment vapoter en toute sécurité ? Pour arrêter de fumer et de s’envoyer du goudron dans les poumons faut-il passer à la cigarette électronique ? On a posé 5 questions sur la vape à un expert en addictologie.
Le vapotage est-il dangereux pour la santé ? Peut-on sortir de son tabagisme grâce aux cigarettes électroniques ? Nous avons posé ces questions à Nicolas Bonnet, pharmacien de santé publique et responsable d’une consultation d’addictologie en métropole à l’occasion d’une visite professionnelle sur notre île.
Le vapotage est-il une meilleure alternative à la cigarette ?
Il vaut mieux vapoter ou fumer ?
“La vape est beaucoup moins dangereuse que la cigarette ! Les données sont unanimes, mieux vaut vapoter que fumer. Sur le long terme il existe peut être des risques liés au vapotage : si on ne veut avoir aucun risque pulmonaire mieux vaut ne rien fumer et devenir non fumeur. Mais entre la cigarette et la vape, le choix est clair : c’est la vape ! ”
Comment passer de la cigarette à la vape ?
“Un fumeur d’un paquet de cigarette par jour aura besoin d’une vape avec un e-liquide à 20mg/ml, soit le dosage le plus élevé que l’on puisse trouver. Il faudra l’associer à des substituts nicotiniques par forme orale, comme des gommes par exemple, parce qu’avec 20mg/ml il n’aura pas assez de nicotine. Or, il faut absolument éviter le sous dosage et donc il faut beaucoup de nicotine au début. Concernant l’utilisation de la vape, il faut vapoter le plus souvent possible dans la journée, sur des petits moments. Car contrairement à la cigarette qui délivre beaucoup de nicotine sur des temps espacés mais assez courts, pour diminuer la dépendance, il faut vapoter souvent dans la journée, sur des petits moments, afin de désensibiliser les récepteurs à nicotine dans le cerveau. Selon les études menées, au bout de 12 à 18 mois, les personnes arrivent à des taux de nicotine dans leur e-liquide proches de zéro. ”
Comment bien choisir son e-liquide ?
“Le e-liquide est un élément très important de la vape : dans son parfum, son goût, dans l’appétence que cela va procurer et le plaisir que cela va donner et également dans son dosage en nicotine. Concernant le dosage, il faut au moins 1mg/ml par cigarette fumée dans le e-liquide. Le goût dépend de chacun : il y a des personnes qui préfèrent garder un parfum plutôt tabac et d’autres qui vont préférer les e-liquide plus parfumés, avec des arômes fruités par exemple qui vont leur permettre de se détacher gustativement du goût que leur procurait le tabac. C’est un choix très personnel, mais ce choix est garant de la réussite du sevrage par la vape.”
Quels sont les risques de la vape ?
“Quand vous fumez une cigarette, vous dégagez des produits goudronnés, cancérigènes, qui vont provoquer éventuellement des cancers du poumon et toucher d’autres organes. Vous dégagez également du monoxyde de carbone qui est un gaz qui vient intoxiquer le cœur, qui va provoquer des accidents vasculaires, cardiaques et provoquer des essoufflements. Vous dégagez également des produits irritants qui peuvent causer des lésions, qui elles-mêmes peuvent ensuite se transformer en lésions cancéreuses. Enfin, vous dégagez de la nicotine qui conduit à la dépendance. Quand vous vapotez, il n’y a pas de combustion, ni de produits goudronnés, il n’y a pas de risque de cancer. Il n’y a pas de monoxyde de carbone, donc il n’y a pas d’accident cardiovasculaire ni d’essoufflement. Il y a par contre des produits irritants qui peuvent continuer à créer des petites lésions, notamment au niveau de la gorge. Ces lésions, si elles perdurent trop longtemps, 10 ans, 15 ans, 20 ans, peuvent dégénérer ensuite sur des lésions que l’on appelle précancéreuses et amener des cancers. Et puis il y a la nicotine. La nicotine c’est ce qui permet aux fumeurs qui passent à la vape de ne pas être en manque de nicotine. Au fur et à mesure, en diminuant le dosage en nicotine, le fumeur va pouvoir sortir de la dépendance au tabac.”
Faut-il se méfier du vapotage passif ?
“C’est une question sociétale plus qu’une question de santé publique. La question est celle de la vapeur, pas de la fumée, qui est dégagée par la vape. Cette vapeur peut avoir ou pas une odeur, et la vapeur dégagée est plus ou moins dense selon les réglages utilisés. Ce qui est certain, c’est que le vapotage passif est extrêmement limité, voir inexistant, puisque la persistance de la vapeur expirée est très courte dans l’atmosphère. Quelques secondes après avoir été expiré il n’y a plus trace de vapeur. Chez les personnes qui sont à proximité d’un vapoteur, on ne retrouve pas de concentration de nicotine décelable dans le sang même après avoir eu les vapeurs de la personne qui a vapoté.”
Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.